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Compte-rendu analytique par Jean-Marie SeeuwsCafé Citoyen de Caen (25/03/2006)

Animateur du débat : Bruno BUREL

» Politique et Société

CPE : mieux que rien ou pire que tout ?

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[Il manque le début de l’enregistrement]

1 - Le CPE c’est mieux que rien, puisque effectivement il y a une précarité qui grandit, et on nous dit : pour contrer cette précarité, il faut faire en sorte qu’on fasse baisser le chômage en créant des emplois. Bien c’est une logique qui ressemble fort à celle qui est aux Etats Unis, et donc, moi je ne dirai pas que le CPE est pire que tout, mais je dirai que ce n’est vraiment pas terrible et que ce n’est pas mieux que rien, parce que lorsqu’on suit cette logique là, on arrive à ce qu’on a aux Etats Unis, c’est à dire les ….des gens qui ont trois petits boulots, et avec trois petits boulots ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Et ce qui se passe aujourd’hui c’est qu’on nous met une logique, un emploi où on peut être viré assez rapidement, un emploi qui remet en cause le fait d’avoir simplement un emploi stable, une vie qu’on veut construire etc. C’est ça la question et d’axer notre société sur la peur de travailler ou de ne pas travailler au lieu de l’axer sur ce qui devrait être son centre, la citoyenneté le temps de se poser des questions et ça c’est pas possible dans la peur. Donc le CPE c’est pas pire que tout par contre c’est très grave.

2 - Bonjour, je ne savais pas que mon sujet de la fois précédente serait de très grande actualité. Un bas normand sur huit vit avec moins de six cent euros par mois. Alors moi, ce que je vais vous dire à propos du CPE, pour confirmer ce que vient de dire Benjamin, le CPE c’est le gouvernement qui officialise la précarité des jeunes. Actuellement on fait de plus en plus recours à la solidarité familiale, la situation financière des moins de trente ans s’est dégradée. Avec un CPE, jamais un propriétaire ne louera un appartement sans condition, donc les cautions les frais d’agences sont à la charges des parents quand ils le peuvent. Actuellement à peu prés 20% des jeunes de moins de vingt cinq ans bénéficient de la solidarité familiale. Ils sont à peu prés 14% à avoir plus de la moitié des dépenses couvertes par leur famille. Et je dirai aussi ce que je viens de lire ce matin, ça fait vingt ans que les patrons font la grève de l'embauche.

3 - Je dirai que ce que vous dîtes est une vue très manichéenne du problème. Dire que les patrons font la grève de l’embauche, pas tous. Il y en a qui embauche quand même, parce que s’ils n’embauchaient pas il y aurait encore plus de précarité. Mais il y en a certains effectivement qui hésitent à embaucher pour une simple raison. Si vous saviez, je suis pas patron mais je connais bien les problèmes du droit du travail, si vous saviez les difficultés pour un petit patron qui a besoin de licencier quelqu’un, je vous jure qu’il hésite quelquefois à licencier, et en général, oui parce que Madame, quand vous passez devant les prud’hommes, vous ne savez où vous allez. Si vous vous retrouvez un jour ou l’autre jusqu’en cour de cassation, c’est des frais très importants, et pour des patrons qui ont des petites entreprises et des charges importantes, ah ! si si Madame, écoutez, vous ne connaissez pas bien les entreprises, ça se voit, non non non vous ne connaissez pas les entreprises, non mais il faut dire ce qu’est une entreprise,

Animateur - S’il vous plaît pas d’interpellation directe

3suite - Non, mais elle m’interpelle, non je réponds à sa question, je dis les patrons il ne faut pas les attaquer systématiquement, surtout les petits patrons. Moi j’ai eu un petit artisan qui m’a installé l’électricité, et bien je lui dis pourquoi vous n’embauchez pas ? il travaillait tout seul, il travaillait le soir jusqu’à dix heures et tout. Il m’a dit avec les charges, avec les ennuis qu’on peut avoir etc parce que …………………………….vous ne connaissez pas celui que vous embauchez, vous pouvez tomber sur un bon ouvrier, comme vous pouvez tomber sur quelqu’un qui n’est pas bon qui a fait ça parce qu’il n’a pas trouvé autre chose et finalement il ne fait pas l’affaire. Faut quand même être sérieux, on ne peut pas non plus figer un système. Moi je crois que c’est trop manichéen de le voir comme cela. Je pense qu’effectivement il faudrait voir, le CPE je ne sais pas ce qu’il vaut puisqu’on ne l’a pas essayé, alors je ne peux pas en parler. Par contre comme fait Madame ou Monsieur, il y a une chose qu’on sait, c’est qu’il y a quarante contrats précaires et aidés. Aidés, ça veut dire que l’état a donné de l’argent pour faire des contrats précaires. Ca ne date pas d’aujourd’hui, ça date depuis mil neuf cent quatre vingt. Vous voyez on a tout essayé, les TUC, les CES, les CEC, il y en a combien comme ça, et c’est des contrats de six mois, renouvelables six mois, sans formation, certains, alors si vous appelez cela l’avenir pour la jeunesse ? Moi je dis la précarité on ne la découvre pas aujourd’hui, elle existe, alors il faut faire quelque chose. Alors vous me dire qu’est-ce qu’on peut faire, si vous avez une solution, si quelqu’un a une solution, qu’il le dise avec courage.

Animateur - Juste une petite précision, je ne suis pas patron non plus. Un peu plus de 80% des patrons sont des patrons de PME, TPE PME. Aujourd’hui pour prendre le cas de la société dans laquelle je travaille, la société est chargée à 74%. Donc dire que les patrons font la grève de l’emploi depuis plus de vingt ans, je ne suis pas vraiment sûr. Je ne suis pas sûr que le CPE va les aider, concrètement non. Maintenant je pense que c’est un peu raccourci de dire que les patrons font la grève de l’embauche depuis vingt ans. 74% de charges c’est beaucoup pour une petite entreprise et ça je pense qu’il faut le savoir.

4 - Avant le CPE, il y avait, il y a le contrat nouvelle embauche, le CNE qui est fait pour favoriser les petites entreprises, pour ces nouveaux patrons qui voudraient embaucher et qui n’osaient pas le faire, parce que les charges sociales étaient trop importantes, ont pu le faire avec des charges dégrevées, sans prendre autant de risques. Mais le problème du CPE, c’est que c’est élargi à toutes les entreprises, également à celles qui font d’énormes profits. Voilà la différence et ceux-là qui ont le moins de risques pourront par contre embaucher, sans assurances, enfin sans mettre en difficulté et surtout le point le plus licencieux, c’est qu’ils peuvent licencier sans motif. C’est le hic du CPE, c’est qu’avant justement il y avait un recours aux prud’hommes, simplement parce que se faire licencier c’était connaître pourquoi. Là pendant deux ans on pourra se faire licencier sans donner de motif. C’est une atteinte au respect de l’homme, en fait.

5 - Le problème auquel on assiste aujourd’hui, c’est qu’on a une société où il y a effectivement beaucoup de chômage et on cherche des solutions pour le résoudre, et je crois que la réflexion qu’on doit avoir c’est ce poser la question s’il faut favoriser l’emploi par le renforcement de la flexibilité du travail et donc une plus grande précarité. On voit bien dans l’exemple que vous donnez, on a eu le CPE élargi pour les moins de vingt six ans, on a eu le CNE pour les entreprises de moins de vingt salariés, il y a une réflexion actuellement pour créer un CDD pour les personnes de plus de cinquante ans, de longue durée pour favoriser leur retour à emploi. Donc on voit actuellement une modification du droit du travail, on cherche à casser la notion de contrat à durée indéterminée, et je ne suis pas sûr forcément que ce soit la bonne solution, car comme vous le dîtes on est amené à avoir des périodes d’essai de deux ans, donc contrairement à ce que vous dîtes ce n’est même pas un licenciement, c’est : je mets fin à votre période d’essai sans avoir de motif à fournir. Alors il y a quelques garde-fous qui sont ceux du CDI par rapport à la période d’essai, c’est à dire qu’on ne peut pas licencier une personne en arrêt maladie, on ne peut pas licencier une personne en congé maternité etc. C’est le seul recours qui reste aujourd’hui possible face à un conseil des prud’hommes. Donc je pense peut-être que là où on pourrait se poser la question, est-ce que la solution qui nous est proposée, plus de flexibilité est vraiment une solution et si on répond non, quelles seraient les pistes à envisager ?

6 - Pour répondre au monsieur, rapidement, moi je connais au moins un patron, pas très loin d’ici, au moins un qui n’hésite pas à embaucher sans contrat de travail. J’ai eu le cas, il a fallu qu’on se batte, j’étais même prête à prendre les grands moyens pour qu’on ait un contrat de travail, et quand il fait un contrat de travail c’est un contrat complètement bidon, et monsieur va l’été au mois de juillet en en Espagne en vacances, ça se passe à quelques kilomètres d’ici. Pour répondre à l’autre monsieur, avec le CPE on pourra même licencier quelqu’un après une grossesse, puisqu’on peut être licencié sans aucun motif. Et moi ce que je crains avec le CPE, je ne pense pas que ce sera une raison de plus pour les patrons d’embaucher, parce que s’ils ne veulent pas embaucher ils ne vont pas embaucher CPE ou pas CPE. Avec le CPE on va vers une américanisation du code du travail et actuellement le code du travail est bafoué, pour moi

7 - Pour répondre à Madame, je m’occupe des jeunes et de délinquants depuis mil neuf cent cinquante deux. J’en ai un actuellement il a vingt neuf ans, certes il a le tort de s’être mis à boire, il n’a pas d’emploi, il a été employé dans une entreprise dont le chef d’entreprise et plusieurs personnes viennent d’être mises au petit château, car il avait fait des contrats sur des formules que j’ai vues. Ils travaillaient encore trente neuf heures, alors que nous sommes aux trente cinq heures et son gars couche à la rue maintenant. Il a couché quelque temps à l’hôtel de la paix et maintenant le 115 lui a fait comprendre qu’il ne pouvait pas l’héberger plus longtemps parce que le printemps est arrivé. Par ailleurs, Madame, je voudrais que les Français ait le bon sens, je vais être dur, de mettre le code du travail, et leurs syndicats, je vais être dur, à la poubelle. Car vous êtes complètement inadapté, car qu’on on est envahi par les produits asiatiques.

8 - A propos du CPE, j’ai l’impression que l’on est devant un exemple type du dysfonctionnement de la société française. On a d’un côté des élus avec leur administration qui ignorent absolument tout du monde du travail. Ils imaginent un peu ce qui se passe dans les grosses entreprises, mais comme vous l’avez rappelé tout de suite, la majorité des salariés, la majorité du PNB est fournie par les petites et moyennes entreprises. D’un autre côté on a les syndicats qui ont aussi ce même inconvénient, ils sont dirigés, je parle de la direction au sommet bien sûr, il est évident qu’à la base on a des gens qui sont à la fois syndicalistes et qui savent ce que c’est travailler, parce qu’en même temps qu’ils sont militants syndicaux ils travaillent encore, mais les directions nationales de tous les syndicats sont prises par des gens qui ne travaillent plus depuis longtemps, et lorsqu’ils ont travaillé c’était la plupart du temps dans des administrations ou des entreprises assimilées. Donc là encore une ignorance presque parfaite de ce qu’est le monde du travail. L’autre partie en cause, ce sont les jeunes, les jeunes qui par définition étant encore études ou pour certains d’entre eux au chômage, ne connaissent pas non plus le monde du travail. Mais en plus pour ce qui les concerne, ils ont une crainte de l’avenir que l’on peut comprendre. Là encore je ne peux parler d’expérience, mais au contraire imaginer par opposition. Lorsque j’avais l’âge de ceux qui aujourd’hui contestent le CPE, on n’avait pas cette crainte de l’avenir. Lorsque je me suis mis sur le marché du travail j’avais le choix, aujourd’hui ce n’est pas le cas. Donc à partir du moment où l’on met en confrontation des gens qui ignorent ce dont ils parlent, ça ne m’étonne pas que l’on arrive à une situation explosive telle que celle que l’on vit actuellement. D’un côté ceux qui sont pour le CPE, le présente comme la dernière invention qui va tout sauver, ce qui est complètement ridicule. De l’autre on entend des slogans, les slogans habituels. Et puis aussi il faut bien le dire il y a une certaine récupération, même si l’on admet que cela fait partie du jeu, entre guillemets, il est évident qu’il y a récupération de la part des opposants, les opposants d’aujourd’hui même s’il faut admettre que dans le passé il y a eu la même récupération de l’autre côté. Ce que je crains, c’est qu’une nouvelle fois, les élus qui sont censés faire les lois, et même si cette loi me semble être, je ne dirais pas une connerie, mais quelque chose qui ne va certainement pas apporter ce qu’on laisse espérer, cèdent à la rue. Mais faire des comparaisons avec ce qui se passe actuellement c’est vraiment méconnaître ce qui se passe tous les jours. Le code du travail, bien sûr il existe, mais je peux vous dire pour l’avoir pratiqué dans tous les sens, qu’il est tellement trituré que ça ne peut pas être un argument contre le CPE, il y a certainement des arguments plus sérieux, celui-là n’en est pas un.

9 - Je ne pense pas que c’est le CPE qui soit en cause ce que disait Christophe est juste, il s’agit d’une logique contre laquelle on se bat, c’est une logique de flexibilité qui se place dans un cadre, on va dire selon les termes, capitalisme sauvage ou néolibéralisme ou ultra libéralisme. Et bien je pense que, à cette logique là, si on veut proposer autre chose, il faut proposer d’autres logiques. C’est à dire, alors il y en a plein, simplement la proposition d’un marché réellement régulé, la proposition face à un libre échange à tout crin qui nous amène des impossibilités de ne pas niveler par le bas parce que lorsqu’on a des produits …… comme on dit, qui sont à moindre coût, et bien on n’a pas d’autre choix que niveler par le bas, et bien si on a un autre choix, et ce choix je pense que c’est simplement de dire, il faut créer des zones de protection, on a une peut énorme du protectionnisme, mais je pense que cette peur va tomber bientôt parce qu’on va avoir encore plus peur des dégâts du libéralisme. C’est ce qui est en train de se passer, et je pense qu’à cette logique libérale on dit qu’on n’a pas de proposition, mais si cette proposition c’est un réel changement de société. On ne peut pas faire un changement sur une seule proposition sur une seule mesure, ça n’a pas de sens c’est la logique qu’il faut changer.

10 - Oui, justement la logique propose que si A est vrai alors non A ne peut pas être vrai c’est un des principes premiers dit du …… et moi quand j’ai entendu parler du CPE au début je me suis dit oh ! voilà enfin la grosse artillerie de l’Elysée contre Sarkozy, j’ai eu tout de suite cette impression là, parce qu’aujourd’hui il faut forcément être pour ou contre le CPE, c’est quasiment, c’est ce qui rallie les gens. D’un côté ou de l’autre ça a tendance, ça ressort d’une sorte de manipulation des consciences qui est assez douteuse et qui tente de faire revenir le bon vieux clivage dans lequel on se sent habitué qui est de la gauche ou de la droite. Alors pourquoi j’ai eu ce sentiment là ? Parce que d’une part en effet la gauche était en train rappelons-nous de se batailler pour sa présidentielle entre qui va être candidat de Ségolène ou de son mari, de Strauss Kahn, Jack Lang ou de truc comme ça, et d’un coup comme par hasard voilà qu’ils peuvent de nouveau montrer leur identité, alors que l’assemblée est quand même très largement à droite et que même si Bayrou disait qu’il n’allait pas voter le CPE, il n’y avait pas besoin du 49-3 comme ca semblait, enfin je veux dire ça énerve les gens le 49-3, on sait bien, donc l’utiliser maintenant semble être d’une autre envergure servir d’autres desseins on va dire et puis globalement cette mesure ne sauve rien. Les deux ans d’essai, enfin tout ça semble tellement gros que moi je me suis dit c’est le piège pour Sarkozy. Bine sûr les étudiants allaient dans la rue, bien sûr il y aurait forcément les policiers en face et bien sûr Sarkozy ouvrirait sa grande G… et voilà et commencerait à se mettre en défaut. Et puis manque de pot Sarkozy n’ouvre pas sa G… comme d’habitude, il change de tactique, il a bien compris que c’était un gros piège. Mercredi dernier, il y a Emmanuelli qui a commencé à avoir la même intuition, enfin sa prise de parole à l’assemblé a été pour dire que c’était seulement un problème gauche droite qui était en train de se mener là, et puis bien sûr le gilet pare-balles de Chirac, appelé aussi De Villepin qui suit les ordres de l’Elysée, alors il faut être ferme on garde le CPE, alors je suis ferme je garde le CPE. La semaine d’après, attention casseurs, et puis Sarkozy n’ouvre pas sa grande gueule donc ça va revenir vers lui. Alors voilà tout ça pour dire dans cette première intervention, ce n’est peut-être pas dans le sujet, qu’il ne faut pas forcément tomber dans le piège et quand je vois tout le monde se mettre à forcément devoir s’exprimer en fonction de cette logique là, c’est que la vraie logique, la vérité en tout cas est loin de cette logique là, c’est qu’on est parti dans un délire politicien qui était des salves très ciblées contre une personne, qu’actuellement Chirac du coup se rend compte que ça n’a pas fonctionné et donc il est plutôt en train de torpiller Villepin. Allez comprendre pourquoi maintenant il le mène à l’abattoir, après dit il va pouvoir négocier, il dit non il faut, bien sûr il est parti en voyage, de là-bas, il faudra rester ferme sur le CPE. Bilan le pauvre gars, même avec sa belle mèche de cheveu, il ne va pas faire grande chose et il va falloir qu’il s’éjecte avec le CPE d’où le seul premier ministrable qui va arriver, ça va être Sarkozy. Donc la nouvelle logique va être de l’user avant la présidentielle. Enfin voilà hors discours, hors sujet certainement mais pour dire que, quand je vois les étudiants j’ai envie de leur dire réfléchissez aussi par vous-mêmes, des fois.

11 - C’est une fine analyse politique que vous avez fait là. Je dirai justement en conclusion un petit peu c’est que finalement les pauvres étudiants sont tombés dans le panneau, c’est dommage pour eux. Et oui ils sont tombés dans le panneau. Et vous savez moi je dis le CPE c’est un peu l’arbre qui cache la forêt, c’est à dire la forêt de notre immobilisme des hommes politiques, du conservatisme des Français, ceux qui ont une bonne place ne veulent pas la donner aux jeunes, et du corporatisme des syndicats. Malheureusement il y a des périodes comme ça où le volcan se réveille, il y a une grosse éruption. Entre deux il y a quelques petites éruptions syndicales et puis tout retombe dans l’anonymat et dans le train train habituel et là-dedans personne n’y retrouve son compte. Alors moi je ne sais pas où est la solution mais je me rends compte qu’effectivement les jeunes ont des raisons d’avoir un malaise, mais je leur dirai plutôt, essayez de réfléchir entre vous sans vous déchirer comme vous le faîtes. Il y a les blocages les anti-bloqueurs. Ce n’est pas non plus une bonne image pour les jeunes, les jeunes ils ont besoin plutôt de se réunir, de chercher des solutions et le proposer aux anciens de façons à ce qu’ils prennent aussi en main, parce que là il y a un problème. Et je dirai aussi écoutez la jeunesse, ce n’est pas un état la jeunesse, c’est un passage et ce passage il se fait par l’apprentissage de la vie. Donc malheureusement c’est vrai qu’il y a des choses qui sont incontournables. On ne peut pas du jour au lendemain avoir un emploi, personne ne l'a eu avant, si vous prenez les personnes qui sont du baby boom et bien écoutez avant d’avoir eu des postes complètement sûrs ils ont appris sur le tas ils ont passé des moments qui n’étaient peut-être pas très agréables, pas toujours bien payés, mais il faut passer par cette étape. Alors moi je pense la solution peut-être serait de trouver un contrat, mais un contrat avec des phases de passage au cours de la vie du travail avec des phases de formation, et je pense que tant qu’on ne va pas réformer tout ça et surtout les jeunes. Je regardais les statistiques je ne sais pas si vous l’avez lu dans Ouest France d’hier, et bien sur six cent dix neuf mille jeunes qui sont dans les universités, il y en a trois cent dix neuf mille qui font le droit, les lettres, les arts, la sociologie, la psychologie enfin tout que sais-je l’histoire la géographie, il n’y a pas de débouchés, qu’on réfléchisse, pourquoi on envoie des jeunes dans des voies de garage. On n’a pas d’orientation, on n’a pas voulu d’orientation, les jeunes ne voulaient pas de sélection. Mais la sélection, elle se fait, elle se fait tout naturellement, insidieusement. Alors je crois qu’il ne faut pas se leurrer, derrière les grands mots, le lien social, c’est du vent devant la réalité du monde. Je crois qu’il faut reprendre tout à zéro.

12 - Vous avez parlé d’éruption, c’est un peu comme les boutons, c’est une éruption de boutons et à mon avis dans une éruption de boutons, on ne peut pas se contenter de presser les boutons pour soigner le malade il faut soigner le fond. Or actuellement on est en train d’arrêter les gens qui cassent. Bon c’est une chose, mais tout de même je pense que le problème est profond et je dirai que dans la profondeur de ce problème il y a l’éducation et l’enseignement. Alors l’enseignement est très important pour pouvoir faire en sorte que tous les jeunes puissent avoir, puissent être aptes. Alors il y a un côté qu’on ne voit pas, qu’on a du mal à voir, c’est le point de vue de celui qui embauche. C’est dur à entendre mais je crois, mais c’est cela, vous l’avez bien dit tout à l’heure, celui qui embauche, et bien, il est un peu craintif maintenant. On embauche de moins en moins. Si vous avez quelqu’un qui est embauché, qui profite un peu trop on ne peut plus le renvoyer. C’est un peu pour cela que les gens, les gens, les industriels, enfin ceux qui embauchent font le gros dos devant les emplois. Alors qu’on leur ouvre une porte, aussi bien aux jeunes, c’est vraiment donc, je ne dirai pas que ce schéma est pire que tout, je dirai qu’il est que c’est vraiment moins que rien, sauf ce qu’il y a de terrible dans le CPE, c’est qu’on n’a pas demandé l’avis des gens, on l’a fait comme ça, et ça c’est grave et on comprend leur peur. Je pense que c’est peut-être pas un coup monté contre les jeunes mais c’est au moins une maladresse de ne pas avoir consulté les syndicats. Pour ce qui est des syndicats, je termine là-dessus je pense que eux aussi devraient pouvoir évoluer, c’est à dire ils restent sur des acquits sociaux. Or les acquits sociaux, ma foi, il faut les adapter à son temps, il faut défendre la morale, mais je pense que, à eux aussi de jouer.

13 - Blaise dans son intervention a émis quelques hypothèses, qui sont plausibles, mais qui par définition sont loin d’être certaines puisqu’elles ne se passent pas devant le public. Mais dans sont intervention il a aussi évoqué l’article 49-3 qui est un argument que l’on entend fréquemment évoqué. Je pense qu’il faudrait savoir comme ça s’est passé au parlement. J’ai la chance ou l’inconvénient d’être retraité et donc d’avoir beaucoup de temps à perdre et en la circonstance c’est vraiment du temps à perdre, j’ai regardé en direct sur internet, deux trois jours de suite les débats au parlement. C’est vraiment lamentable, lamentable de voir que des adultes, investis de pouvoir s’amusent de cette façon-là. Alors autant lorsque l’on regarde les débats en commission, on voit des discussions qui sont un peu plus intelligentes, autant au parlement, c’est complètement ridicule. Alors il faut savoir que c’est une loi qui comporte plusieurs dizaines d’article, que le CPE est arrivé en amendement présenté par le gouvernement en commission, qu’il arrive derrière le troisième article de la loi, qu’au bout de cent trente cinq heures de discussion au parlement le CPE a été voté. Quelques petits rappels juridiques : un président de commission, un président de groupe excusez-moi en tant que tel ou s’il a donné délégation,, son délégué, peuvent sans débat demander une suspension de séance. C’est ce qui se passait, il y avait trois suspensions de séance par heure. Et vers dix heures du soir on demandait la vérification du quorum. Vous savez que l’assemblée nationale, la constitution le prévoit, un seul député en séance peut voter une loi, sauf si quelqu’un demande le quorum. Dans ce cas il faut compter les députés présents, il faut qu’ils soient cinquante pour cent plus un des députés inscrits. Quand vous demandez cela à dix heures du soir il est évident que vous ne les trouvez pas, donc le débat est reporté au lendemain matin. Donc le CPE une fois voté il restait les autres articles dont certains ne sont pas discutables. Il y avait par exemple le testing, le cv anonyme, certaines règles fiscales, articles qui je pense ne devraient pas prêter à polémique, mais les blocages ont continué. A partir de ce moment, est-ce un piège ou pas, en tous les cas c’est comme cela qu’est intervenu le 49-3. J’évoquais tout à l’heure les entorses au code du travail. Il y a un article du code, le 122-1 qui définit les conditions qui donnent droit à contracter un CDD, contrat à durée déterminée. S’il y a un article du code qui est violé, c’est certainement celui-là. Si vous avez l’occasion de voir autour de vous des gens en CDD, vous verrez que les trois conditions qui permettent un tel contrat, c’est à dire remplacement d’un salarié absent, surcroît d’activité temporaire, attente de création d’un poste à condition que cela ne dure pas plus de neuf mois, vous verrez que les CDD sont utilisés pour bien d’autres raisons que celles-là. Cela m’amène à suggérer de corriger quelques rigidités du code. Par exemple, si une entreprise est malade, parce qu’elle a un problème quelconque, elle devrait pouvoir pour éviter sa fermeture, éviter le dépôt de bilan, pouvoir réagir rapidement. Or les lois actuelles ne le permettent pas. Ou la loi est violée par exemple par une transaction amiable, ou elle est respectée et l’entreprise se casse la figure, elle passe entre les mains, je devrais plutôt dire entre les griffes du tribunal de commerce, et le maintien des quelques salariés qui auraient été licenciés, ce qui serait plus logique, entraîne le licenciement de tous les autres. Je suis persuadé qu’il y a comme cela de multiples exemples. Donc qu’il y ait besoin de changer quelques rigidités me paraît quelque chose de logique, mais c’est comme les toubibs, souvent deux toubibs font le même diagnostic mais après ils ne sont plus d’accord sur la façon de soigner c’est un petit peu ce qui se passe.

14 - Cela me fait penser à une proposition que j’avais faite il y a déjà plusieurs mois, sur la question du référendum d’initiative populaire ou le droit de pétition. Or il y a un paradoxe dans ce qu’on appelle la démocratie, c’est qu’un premier ministre ou les gens qui ont un pouvoir, ont imposé une mesure au peuple, même si le peuple ne l’accepte pas. Si le droit de pétition existait comme cela se pratique en Suisse, quand il y a un problème qui se pose pour la collectivité, s’il y a un minimum au niveau des proportions des habitants de la Suisse, s’il y a cent mille habitants qui demandent que la question soit débattue collectivement, il y a un référendum qui est organisé. Si en France, devant une majorité qui paraît anti-démocratique, le référendum d’initiative populaire ou si voulez le droit de pétition était reconnue, je pense qu’on aurait pu aboutir à un résultat plus intéressant et beaucoup plus intelligent, et ne plus être esclave de ce qu’on pourrait apparaître comme un caprice d’hommes politiques qui sous la pression de forces politiques ou économiques qui ne sont pas extrêmement claires, et donc des mesures qui sont prises contre la volonté du peuple. La démocratie c’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Alors je pose la question, est-ce que l’on est dans une dictature actuellement ?

15 - Un petit mot d’abord sur les syndicats avant de parler du CPE, c’est vrai que les syndicalistes sont pour la plupart des fonctionnaires, j’en suis, c’est vrai que ce sont des fonctionnaires parce que l’on a la liberté de parole que n’ont peut-être pas les salariés du privé, et on peut aussi l’utiliser pour les salariés du privé et pas seulement pour les fonctionnaires. Sur le CPE, moi je trouve qu’il y a déjà une grande précarité du travail en France. On a un code du travail pourquoi le casser, il fonctionne plus ou moins bien je suis tout à fait d’accord. Mais il y a déjà énormément de personnes qui ne vivent qu’à travers des CDD, qu’à travers de l’intérim, pourquoi ajouter à nos jeunes un CPE, d’où ils pourront être licenciés sans motif, et où ils pourront même être réembauchés après, alors qu’on vient de les licencier. Moi je ne veux pas de cela pour mes enfants, peut-être qu’on y sera obligés, mais je crois qu’il y a une volonté politique de précariser le travail, et les contrats de travail parce que par exemple la fonction publique va recruter de moins en moins. On vous dit depuis des années qu’on ne recrutera plus qu’un fonctionnaire sur deux. Pourquoi ? est-ce qu’on vraiment moins besoin de fonctionnaire, est-ce qu’on a besoin de privatiser tous les services de la poste enfin de tout ce que vous voulez. Il faudrait peut-être repenser les choses. Est-ce qu’on doit tous être sous contrat de droit privé, de droit précaire. On a un modèle, c’est vrai qu’on n’a pas la chance de nos parents de trouver du travail facilement, mais est-ce qu'on ne doit pas espérer quelque chose quand même d’un peu moins mal pour nos enfants que ce que l’on propose aujourd’hui, essayez de les préserver un petit peu. Je pense quand même qu’il y a du travail en France, peut-être moins dans le textile, peut-être moins dans l’automobile, mais on a plein de ressources encore et je suis pas sûre que le CPE soit une solution, d’autant qu’à la télévision quand vous écoutez le patronat, ils sont tous à vous dire mais attendez, nous quand on recrute c’est pas pour licencier. Si c’est pas pour licencier, c’est quoi le CPE ? Est-ce qu’un CDD ne suffit pas, est-ce que l’intérim ne suffit pas ?

16 - Alors,Blaise disait que les étudiants n’étaient pas au courant des possibles manœuvres, et ils les invitaient à faire attention. Il y a des étudiants ou des gens qui participent au mouvement qui ne sont pas nés de la dernière pluie non plus, même s’ils sont jeunes, et ils font les mêmes analyses. Je dis cela parce que j’ai entendu plusieurs fois cette analyse et pas seulement au cours de cette semaine, mais dès le début du mouvement, il y a quand même un mois. Donc je pense que c’est l’écho médiatique en fait, c’est la façon dont ça transparaît dans les médias, on croit ce qui est dans les médias et comme on ne voit pas ce qui est en vrai, on a un mauvais regard. Mais il a été dit autre chose, c’est que, il y a trois cent dix neuf mille étudiants qui sont dans des filières qui sont des voies de garage. Oui, très bien, le seul souci, c’est qu’aujourd’hui, l’école n’est plus ce qu’elle était avant, ce lieu de réel savoir, ce lieu où on va grandir sa culture. L’école est devenue un lieu où l’on vient pour de former, pour trouver un emploi. Honnêtement moi si c’est ça l’école, j’ai pas envie d’y aller. Je vais me former pour trouver un emploi en entreprise, je vais me former pour trouver un emploi sur le terrain. L’école pour moi c’est pour avoir du savoir, me grandir intellectuellement. Cette logique là a changé, on a réussi tellement bien à l’imposer, les parents ayant peur, les professeurs ayant peur pour leurs élèves, tout le monde qui avait une logique d’école républicaine est passé dans une logique d’école servant à former en gros pour les entreprises. C’est dommage parce que les entreprises avant avaient une logique de formation, le souci c’est qu’elles ont abandonné cette logique de formation, pas toutes mais pas mal et qu’au lieu d’être formé sur le terrain on est formé sur des machines à l’école et quand on arrive dans le monde, qu’est-ce qui se passe, les machines de l’école sont obsolètes, ne correspondent pas à l’entreprise où l’on va travailler. On est formé théoriquement sur un tas de choses et qu’on on arrive sur le tas on nous dit, non laisses tomber tout cela, on recommence tout. A quoi ça sert de se former dans ce cas là pour aller travailler ? Moi je pense qu’il faut simplement se former l’esprit pour obtenir des clés intellectuelles, et avec ces clés intellectuelles, on est suffisamment intelligent pour pouvoir être, au contraire, extrêmement flexible extrêmement adaptable puisqu’on a des bonnes clés.

17 - Le CPE c’est vraiment un contrat qui ressemble à rien, qui n’a pas de garantie, rien qui n’a pas de perspective d’avenir pour les jeunes. Moi je me demande est-ce que ce contrat peut créer d’emploi, je ne sais pas combien ce contrat peut créer d’emplois, d’emplois précaires. En fait c’est peu un enjeu, excusez-moi, on est un peu en politique, mais les hommes politiques, je pense, ils se moquent pas mal de nous. Quand je regarde ce contrat tant dans son fond comme dans sa forme, je n’y comprends rien. En fait, ils sont en train de préparer leur présidentielle, excusez-moi, dans la déclaration après la nomination du Premier ministre, il fallait baisser le chômage. Il n’y a pas eu de création d’emploi. Comment on peut baisser le chômage sans créer d’emploi ? Moi j’ai quelques exemples, je connais certaines personnes qui ont été licenciées de l’ANPE pour n’avoir pas répondu à des appels. Alors ils sont considérés comme ayant trouvé l’emploi. Ou aussi des ……… sont à l’école qui sont également considérés comme ayant trouvé l’emploi. Mais ce n’est pas vrai, on nous dit le chômage il va baisser. C’était l’une des préoccupations depuis que je suis à Matignon, le chômage il a baissé. C’est pas vrai, on a dit c’est vrai, non c’est faux. Parce que ce soit le contrat nouvelle embauche, que ce soit le contrat première embauche, tout ce que vous voulez, que ce soit dans le fond ou dans la forme, ça ne ressemble à rien. Encore on parle du 49-3, est-ce que, je ne sais pas dans un pays comme le nôtre, on n’avait pas besoin d’utiliser le 49-3, c’est une blague, on sait qu’il a été voté à l’assemblée, on sait que la majorité de l’assemblée est constituée de députés en place, non, ce contrat il faut le suspendre.

18 - Je mets l’accent sur l’immobilisme français, je mets l’accent sur la vue de l’esprit de la création de zones de protection des avantages de messieurs les Français, c’est terminé, ça ne peut plus exister, la précarité est de règle. Je suis conseiller politique, je ne suis pas payé par la politique, depuis mil neuf cent soixante deux, interprète diplomatique, je ne suis pas un commode, je suis un garçon qui vit pauvrement. Ici je n’ai pas pu prendre quoi que soit parce que je n’ai plus d’argent à la fin du mois. Moi je m’occupe de jeunes délinquants que je replace au boulot. J’en ai un à replacer qui a une jambe coupée. Ce sont de toutes petites choses que je fais. Mais, moi ça m’amuse de voir, je vais souvent manger en université, ces pauvres gamins qui sont là, en univers fermé et qui n’ont pas les pieds sur terre, ils se rendent pas compte. Il faut être dans les entreprises, quand on y est, je vois beaucoup de jeunes ingénieurs, j’aurais pas pu penser que c’est ça prendre du travail, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. Dans bien des entreprises on ne peut plus vendre, où voulez-vous qu’on aille, on met la clé sous la porte, c’est facile. J’étais il y a trois jours à Grenoble, une entreprise qui fabrique des produits de haute technologie, des abrasifs, mouture submicronienne, du super Seveso en pleine ville de Grenoble. Et bien le responsable un tout jeune de trente quatre ans, un jeune qui vient de passer avec mention son examen de chef d’entreprise, il m’a dit j’ai cédé le créneau aux Chinois, parce qu’ils vont chercher leur matière première en Afrique, ce sont des gamins qui travaillent dans ce centre d’extraction, c’est vraiment à bon compte, et en plus de ça, ils n’ont pas la CGT sur le dos. Donc ça ce sont des problèmes pratiques. Alors bien sûr les syndicats, chère Madame, j’honore ce que vous avez dit, mais vous parlez dans quelque chose qui ne correspond plus à rien dans la réalité. Pour vous répondre, je vous dirai nous avons une dette par enfant qui naît d’environ sept mille sept cent quatre vingt euros, et on nous raconte, ce serait un peu à prouver, on nous raconte que c’est parce que nous avons trop de fonctionnaires improductifs et qui sont pas là où ils devraient être. Nous en avons qui sont toujours à l’échelon un, alors qu’ils sont remplacés à l’échelon trois au niveau de la région. Alors nous avons des doublons, des triplons, des quadruplons et on monte les impôts locaux au niveau de la création des intercommunalités.

19 - Il y a une célèbre chanson qui disait, la femme est l’avenir de l’homme. Moi je dirai, les enfants sont l’avenir de l’homme. Par rapport aux fonctionnaires, on a un petit trop tendance à s’attaquer aux petits fonctionnaires. Je suis moi-même fonctionnaire, et je me dis que peut-être demain je serais moi-même dans la précarité. Tout de suite je suis victime de harcèlement dans mon travail, je suis en dépression, j’ai du prendre un arrêt de travail. Pour vous dire, je ne sais pas à quoi ça va mener. Dimanche dernier, j’ai suivi Capital, où on a montré les gâchis du gouvernement. Là, c’est là que le problème blesse. Le CPE, moi je ne pense pas, c’est un faux débat.

20 - Moi, je ne vais pas me sentir coupable, étant moi-même ancienne fonctionnaire de l’Education Nationale, mais je pense, mesdames et messieurs, que nous sommes dans un marasme terrible, parce qu’actuellement je peux vous dire que dans les banlieues, on ne fait rien. J’ai un frère qui m’a téléphoné de Clichy, jeudi. Il m’a dit le problème des banlieues est resté en l’état, on ne fait rien, les jeunes sont dans la rue. Alors je ne vais défendre les casseurs, mais si les casseurs sont dans la rue c’est qu’il y a quand même un problème de violence. Moi je dis quand même, notre jeunesse c’est l’avenir et on est en train de la massacrer avec le CPE. Or actuellement, il y a une jeune femme de vingt deux ans qui vient d’être mise au licenciement parce que le médecin du travail a trouvé qu’elle avait le dos très malade et qu’il fallait absolument qu’elle ait une chaise. Et bien le patron l’a licenciée et elle attaque au conseil des prud’hommes. Alors je veux bien qu’on mette les fonctionnaires sur le dos, mais il faut pas exagérer, étant donné qu’il y a 70% de jeunes qui veulent entrer dans la fonction publique, alors il faudrait peut-être m’expliquer pourquoi.

21 - Quand j’entends tous les propos, j’ai bien peut que cela reflète ce qu’on ressent dans la vie courante. CPE pas CPE, chacun méconnaît royalement, enfin, grandement les problèmes de l’autre, et attaque toujours celui qui est dans un autre cas que le sien. C’est sur ce quoi justement joue le gouvernement. Parce qu’en fait tous les problèmes qu’il y a actuellement ressortent du même malaise Il y a quelques temps c’était le problème des banlieues, maintenant c’est le CPE. Je rejoins tout à fait Blaise dans son analyse politique, je pense que tout le mon de se fait manipuler, mais en fait je crois qu’à la base de tout ça, ce qu’on n’a pas compris, c’est pas de se jeter, dire par exemple les patrons, c’est les patrons qui n’embauchent pas. C’est faux, on mélange tout, on mélange le petit patronat qui n’a pas du tout les mêmes moyens que le gros entrepreneur qui a énormément de moyens, je veux dire c’est totalement différent. Et je crois que malheureusement tout le temps qu’on n’aura pas compris ça, que c’est pas en rejetant la pierre les uns sur les autres qu’on arrivera à avancer. Parce que les fonctionnaires c’est pareil, moi j’ai été fonctionnaire toute ma vie. Bon et bien il y beaucoup de gens qui pensent que les fonctionnaires gagnent royalement leur vie. Et bien je peux dire que dans l’organisme où j’ai travaillé, qui n’était pas pire ni mieux, ni moins bien que les autres, il y en a plein qui gagnaient péniblement leur vie, qui gagnaient tout juste le SMIC, à une époque où on avait beaucoup plus de travail que maintenant. Donc je veux dire chacun méconnaît les conditions de travail, les salaires, la réalité du quotidien des autres, et se relancent un petit peu les torts les uns après les autres. Et c’est pas en se montant les uns contre les autres qu’on va se sortir de ça. Je crois qu’actuellement ce qu’on a, on a l’impression de ne plus être gouvernés, et c’est pas qu’une impression, je regrette de le dire, d’avoir à le dire, mais c’est aussi qu’on est arrivé à une phase où effectivement, je crois qu’il faut trouver maintenant un choix de société avant tout. Tout le temps qu’on n’aura pas trouvé un choix de société dans lequel chacun puisse s’affirmer on aura toujours ces écarts là et effectivement je ne voudrais pas être jeune aujourd’hui. Je veux dire, les jeunes qu’est-ce qu’ils ont comme espoir actuellement. On n’arrête pas de leur proposer des situations précarisées. Le CPE qu’on propose, moi je veux bien, mais je suis d’accord avec madame, il y avait suffisamment de contrats en place pour qu’on commence déjà par les respecter, qu’on diminue les charges sociales sur le petit patronat, il embauchera, parce que ça, je veux dire, mis à part les grandes considérations sur le patronat, on sait très bien que c’est le premier employeur de France. Si vraiment ils pouvaient employer, ils sont actuellement complètement étranglés, mais ça fait très longtemps qu’on le dit. Donc avant de créer des embauches, enfin des contrats précaires, qu’on commence d’abord à revoir les situations qui permettent de recréer des emplois, qui font que ceux qui ont le potentiel pour en créer, justement le fassent et qu’on arrête aussi de montrer le Français dépravé ou le capital ou le néocapitalisme ou l’ultra libéralisme font que tous les jours des profits nous sont annoncés sur les grands capitaux et que celui qui travaille n’en retrouve pas les bénéfices. On est arrivé dans une telle marge de disproportion, je veux dire il y a pas mal d’années on considérait que les échelles devaient être de un à vingt, à peu près, après c’était de un à cent. Maintenant, j’écoutais une conférence de Kahn l’autre jour, on sait maintenant que les écarts, en France, c’est pas à l’étranger, qu’un ouvrier moyen, pas l’ouvrier de base, travaille tous les jours depuis l’époque des pharaons pour pouvoir a peu près la même grandeur que peut toucher un gros capitaliste. Donc avant tout, on aura toujours on est parti dans une société qui aura des problèmes comme ça tout le temps qu’on n’aura pas fait un choix de société qui remette un peu les idées en place à tout le monde. Parce que c’est normal, c’est la moindre des prétentions que chacun puisse avoir du travail. On comprend très, moi ça m’ahurie quand on crie aussi après les patrons que les ouvriers, chacun défend sa place, je suis d’accord, mais qu’il y ait des différences de salaires, c’est normal aussi, il y a des gens qui prennent des responsabilités, qui on des taxes des choses à payer, qu’on ignore souvent. Quand on critique l’employeur, on ignore souvent ce qu’il paie réellement sur un emploi à la fin du mois. Et bien qu’on essaie de mettre tout ça à plat, qu’il y ait effectivement une hiérarchie, c’est tout à fait normal, qu’il y ait des différences de salaires, il faut admettre que c’est normal, par contre qu’il y ait des différences aussi énormes et une précarisation de plus en plus importante, cela ça n’est pas normal, et tant qu’on ne fera pas un autre choix de société on court à la catastrophe.

22 - La France a une culture qui fait que c’est un pays qu’on taxe souvent d’immobile et on taxe sa population de stagnante. C’est à dire, dès qu’on lui propose quelque chose, elle dit non. C’est simplement parce qu’elle a une culture qui fait qu’on lui a seriné, chaque enfant, chaque citoyen français, a dans l’esprit qu’il est dans la patrie des droits de l’homme, il est dans la patrie d’une société qui se veut cheminant vers un idéal. Et on lui dit, c’est pas possible, le seul moyen, la seule possibilité, c’est le libéral conservatisme, libéral communautarisme, libéral, politique libéral sécuritaire, libéral social. A chaque fois là-dedans il y a une logique et toujours la même. Pourquoi en France on a une tendance à être contre tout cela, c’est parce qu’on a observé, il y a des analystes qui sont pas nés de la dernière pluie, qui ont regardé ce qui se passait ailleurs, et qui ont simplement dit, oui il y a des effets positifs. Mais actuellement il faut d’urgence changer de modèle quand même, même s’il y a eu des effets positifs. Parce qu’on est dans une crise républicaine, crise écologique, une crise sociale, une crise économique, et on est en train de rentrer dans une crise civile ce qui est encore plus grave, et il faut changer. Je m’inscris tout à fait dans ce qui vient d’être dit, moi j’ai les pieds sur terre. On me dit souvent, mais rêver rêver rêver, mais c’est la tête qui rêve pas les pieds. Moi j’ai les pieds sur terre, le cœur sur la main et la tête dans les étoiles. C’est comme ça qu’on construit une société

23 - Oui bien sûr, bien sûr, moi je suis d’accord avec vous et avec vous tous. Bien sûr on est en période de crise, et une crise probablement grave, une crise économique et politique comme vous disiez. On est un pays vieillissant et on va, qui essaie de maintenir encore sa protection sociale, protection pour les personnes âgées. Mais est-ce qu’il faut casser sa jeunesse, on va avoir besoin d’elle, c’est elle qui va s’occuper de nous. Notre jeunesse, elle n’héritera plus, parce que maintenant on pourra avoir ses parents et des grands-parents à la retraite et ses enfants au chômage. Donc c’est vrai qu’on va fers de gros problèmes et tout est respectable. C’est vrai qu’on a trop de charges, mais est-ce qu’il n’aurait pas fallu qu’on discute tout cela avant que la loi passe, on revient toujours au même, au lieu d’attendre que les gens descendent dans la rue. Est-ce qu’il faut aller vers un mai soixante huit, est-ce qu’il faut non, je pense qu’il faut discuter pendant qu’il est encore temps. Chaque opinion est respectable, et c’est vrai qu’il n’y a pas de méchants patrons et de gentils salariés. Il faut essayer tous ensemble, toutes générations confondues et ça c’est important, à sauver notre jeunesse, qui va quand même être beaucoup moins importante que nos générations. On doit trouver des solutions.

Animateur - En fait ce qui se dégage depuis quelque temps du débat c’est plutôt CPE pas CPE, peu importe, c’est plutôt, une autre idée, une autre société pour nos enfants. C’est peut-être vers cela qu’il faut réfléchir.

24 - J’ai l’impression, l’intuition que nos élus se foutent pas mal de nos G…. Il y a un truc qui m’écœuré, je suis allé à l’émission de madame Chabot, à vous de juger. Monsieur De Robien, notre ministre de l’éducation nous dit, ce contrat concerne les PME. Et puis on a constaté qu’il y a au moins cinq cent mille jeunes qui étaient en échec scolaire, que ce contrat concernait ces jeun es-là. Alors, moi seul, tout seul là, je me suis posé la question, et les autres jeunes. Si ce contrat ne concerne que les cinq cent mille jeunes qui sont en échec scolaire, et les autres jeunes, ceux qui sont dans les lycées, ceux qui sont dans les universités, ceux qui sont dans les grandes écoles et tout ça. Est-ce qu’ils veulent diviser le pays en deux, qu’il y ait deux jeunesses. Comment voulez-vous que ces jeunes, on les voie dans la rue, on les voit défiler et tout ça, comment voulez-vous que ces jeunes qu’ils aillent à l’école avec un moral haut, sachant qu’à la sortie. Moi j’ai bac plus je ne sais pas cinq, sept, que j’aurais un CPE à la clé. Comment je peux octroyer un crédit auprès d’une banque, comment je peux me loger, comment je peux fonder ma famille, hein ! C’est carrément impossible donc en tous les cas toujours faire appel aux parents, donc pour me loger faire appel aux parents pour la caution ou je ne sais pas quoi. Non on est à reculons, je ne sais comment. Non ce contrat c’est une caution parentale exigée.

25 - J’ai dit tout à l’heure que le CPE en ce qui le concerne, je ne pensais pas qu’il s’agissait de quelque chose de merveilleux. Ce n’est pas pour autant qu’il faut ignorer ce qui se passe actuellement. Lorsque l’on parle de précarité, la précarité elle existe déjà. Il y a un certain nombre d’exemples. Vous avez ici à Caen, je ne vais pas le citer, un grand magasin qui en permanence, emploie un quart de son personnel comme stagiaire, pas des stagiaires étudiants, mais des stagiaires qui viennent généralement de l’ANPE, CFA ou autres. En permanence et depuis des années ce magasin a un quart de son personnel comme cela. C’est bien un exemple de précarité et on pourrait en citer bien d’autres. J’ai eu quand j’étais en fonction des étudiants qui venaient, soit d’un IUT, soit de l’université. Ces stagiaires, peut-être parce que je suis de la vieille école, ces stagiaires je m’efforçais de les former, ils n’étaient pas venus pour travailler mais pour apprendre. Premièrement ils n’ont jamais quitté l’entreprise sans une indemnité que j’obtenais pour eux de la direction, deuxièmement je participais à leur formation et je ne leur faisais pas faire un travail gratuit pendant qu’ils étaient là. J’ai bien conscience que déjà à l’époque je faisais certainement partie des exceptions, et je suis persuadé que cela existe encore aujourd’hui. Le code du travail, il est fait comme beaucoup d’autres choses, il est fait comme s’il n’y avait en France que des grandes entreprises. Beaucoup de lois sont conçues, alors on les annonce dans la presse. Je vais prendre comme exemple les trente cinq heures. Si vous pratiquez les trente cinq heures, vous avez le droit à des abattements sociaux à condition d’embaucher à proportion. Les trente cinq représentent 11.60% de réduction d’horaire, ou dans le sens inverse, 11.6% d’augmentation des salaires qui peut être compensée si on embauchait à due concurrence. Lorsque vous avez une entreprise de plusieurs centaines de personnes, c’est relativement facile. Si vous avez cent personnes à la production vous réduisez le temps de travail et vous embauchiez 11 personnes, c’est facile. Quand vous avez une petite entreprise disons de 10 personnes. Vous avez parmi ces dix personnes un chef d’atelier, un commercial, une secrétaire. Vous faites quoi pour compenser les dix pour cent ? C’est pas possible, par conséquent vous prenez plein pot l’augmentation. Une autre mesure qui a été prise, et quand elle a été prise c’est certainement avec de bonne intentions, il s’agit des réductions de charges sociales pour les bas salaires. La conséquence de cela c’est que si vous avez dans votre entreprise des gens payés au SMIC, vous avez quasiment 100% d’abattement de charges sociales. Le jour où vous augmentez mettons de 10% vous prenez 50% d’augmentation, résultat vous gardez votre personnel au SMIC. Cela démontre bien ce que je disais dans ma première intervention, les gens qui créent les lois n’ont aucune notion de ce qui se passe, en fonction de l’air du temps, parce qu’à l’époque il fallait réduite les charges sociales, ils se disent, on va pondre une petite loi pour réduire les charge sociales, et on n’en voit pas les conséquences. C’est comme si vous jetiez un œuf en l’air et d’être surpris quelque temps plus tard de le prendre sur la figure. C’est malheureusement le cas, c’est qu’on a affaire à des gens qui ne savent pas ce qui se passe et si on ajoute à cela la recette politicienne, telle qu’elle a été évoquée tout à l’heure par Blaise et soutenue par madame, et bien on arrive à ce genre d’actualité La crainte que l’on peut avoir maintenant que c’est lancé, on fait aussi référence au CIP. Le CIP c’était un décret et on fait pratiquement l’amalgame dans la presse entre le CIP qui a été retiré et cette loi qui si elle est retirée est dangereux pour la démocratie. C’est la preuve qu’il suffit de faire montre d’une certaine force dans la rue pour contrer la démocratie, et même si je me répète c’était une « connerie » de la présenter comme cela je pense qu’aujourd’hui c’est dangereux de céder devant la pression, car la démocratie c’est tout sauf la loi du plus fort.

26 - Je lisais hier, la dernière page de Ouest-France qui est parfois très intéressante et il y avait des jeunes qui expliquaient leurs cas et il y avait le témoignage d’une infirmière scolaire dans un lycée ou un collège à Redon. Elle expliquait que de plus en plus, elle recevait dans son infirmerie des élèves angoissés. Et aujourd’hui avec l’histoire du CPE on est en train aussi de diviser les Français en deux. Les ceux qui sont pour, ceux qui sont contre.

27 - Je reviens sur ce que vous avez dit tout à l’heure. C’est vrai que les hommes politiques, ils ont tellement fait de pas en avant et de pas en arrière qu’il y a vis à vis d’eux une sorte de méfiance sur leur capacité à résoudre nos problèmes. Ca je pense que c’est un fait établi. Et alors, mais reculez effectivement comme vous dîtes, je ne sais pas si reculer est une bonne formule, même si le CPE n’est ps bon, je le conçois, j’en fais pas l’apologie du tout, au contraire. Mais je connais des professeurs qui commencent à s’inquiéter sérieusement quand ils voient comme ça se passe, quand ils voient les jeunes, quand on a vu un jeune dire, à vingt cinq ans, au Président de la République, je vous somme de, et bien, écoutez, on commence à se poser des questions quand même dans ce pays sur la démocratie. Il y a des gens qui ont été élus, bon ils ont été élus. On peut toujours en changer, c’est la démocratie, si on n’est pas satisfait la prochaine fois on change et on verra ce qu’ils feront, je n’en sais rien, pour l’instant je n’ai pas entendu de solution, j’attends toujours, bon. Donc ces professeurs commencent à s’inquiéter, si c’est ça et bien on ne tiendra plus les enfants, même les petits. Quand on voit que des gamins de onze ans sont allés manifester, c’est quand même incroyable, ça pose des problèmes. Alors je dis, danger. Il vaut mieux que tout le monde se mette autour de la table pour essayer de trouver une solution. Même si on part du CPE on peut peut-être arriver à faire quelque chose, parce sinon le blocage ça ne donnera rien de bon

Animateur - Peut-être que la démocratie aurait été d’en parler avant ? J’invite les personnes qui n’ont pas parlé ou peu parlé, à prendre la parole.

28 - J’ai juste une réflexion à faire, c’est que dans tout ça il ressort que ce soit au point de vue individuel ou au point de vue collectif un réajustement, je veux dire un recentrage et une façon de bien s’aligner . C’est ça pour moi le point principal de ces décisions qui en ressort. Il paraît que pour aller plus loin débattre les problèmes et les résoudre de commencer d’abord par-là.

29 - Oui alors cher monsieur, si actuellement on peut se poser des questions sur la démocratie, si ce jeune semble avoir peu de respect pour un Président de la République, je ne me souviens pas de cet intermède, c’est que peut-être il a le sentiment que ça lui est totalement étranger et extérieur. C’est à dire qu’il a été élu par d’autres et pour d’autres dans un système dans lequel il semble n’avoir aucune mainmise ou aucune de possibilité de prise. Encore une fois quand vous dîtes on est appelé en élire d’autres, je pense qu’il y a beaucoup de gens qui voudraient bien pouvoir en élire d’autres, mais que déjà il faut pouvoir se présenter pour être élu. Or actuellement on présente toujours les mêmes, donc en élire d’autres semble un peu difficile dans notre pays. Mais ceci en aparté. Pour revenir dans le sujet, si on parle du CPE, et je suis assez d’avis de ce qu’a dit monsieur là-bas au fond, c’est à dire que le principal problème il est dans la gestion que va avoir le jeune chef de famille par exemple ou même l’individu qui veut s’émanciper de ses parents. Il n’arrivera pas à contracter des prêts, à louer un appartement à envisager l’avenir sereinement dans la mesure où il ne sait pas ce qui va se passer dans les deux ans à venir. Il peut pas être certain s’ il ne peut pas donner d’assurance, de garantie, qu’il ne sera pas éjecté. Alors d’une part, discussion de fond. Quand on a un CDI est-ce qu’on est plus certain qu’on ne va pas être éjecté. Il y a des tas de gens qui font partie de sites qui sont actuellement en cours de démontage, qui avaient des CDI depuis quelques années et même quelques dizaines d’années et qui pourront vous dire que de toutes façons le CDI c’est pas non plus le siège non éjectable. Il vaut mieux être Président de la République pour être indéboulonnable, qu’ouvrier à la chaîne. Bon ça c’est la discussion de fond. La discussion après sur le CPE lui-même, est- qu’il va amener de nouvelles créations d’emplois, ou est- ce, parce que la multiplication des contrats c’est mathématique pourrait permettre la création de tant pour cent d’opportunité pour des employeurs. Imaginons que ça augmente de cinq ou dix pour cent, c’est toujours ça de gagné. Dans ce cas-là, c’est cette difficulté qu’on a de contracter des prêts qu’il faut résorber. Il y a une proposition c’est je ne sais plus loc quoi, loca-pass voilà qui permet soi-disant à ce qu’une banque se porte caution pour vous quand vous êtes titulaire d’un tel contrat, et on voit que la discussion du coup de reporte sur un troisième terrain qui est, oui mais quand le propriétaire va avoir le choix entre quelqu’un qui aura un loca-pass, et quelqu’un qui aura ou bien des garanties familiales ou bien les garanties de son propre salaire, parce que c’est dur pour un jeune d’avoir des garanties familiales, il aura la préférence pour celui qui aura les garanties réelles et pas la garantie loca-pass. A ce moment la loi peut faire en sorte que par exemple dire que les garanties individuelles sont maintenant proscrites, que pour tout le monde même quand on est le jeune héritier de la branche Rothschild on va se présenter pour louer un appartement où on veut, et bien on va présenter sa caution loca-pass. Alors maintenant la question qui se pose est qu’est-ce que ces gens qui font les lois et qui sont plutôt dans ces facilités là, accepteraient que leurs petits à eux ne fassent pas appel à leur caution personnelle au profit d’une caution publique partagée par les jeunes qui ont aussi le CPE, là ça mettrait le débat dans les conditions. Parce que finalement notre débat c’est ça, le débat des jeunes américains en même temps, oui quand on est jeune et pauvre on va pas aller en Irak se faire trucider. Alors parce qu’on est jeune et fils d’un homme politique ou d’amie influente on va plutôt être couvert et on va réussir à échapper aux mailles du filet. Et bien nous, notre combat on n’est jamais pauvre on a besoin de loca-pass. La bonne question c’est est-ce que vous acceptez que nos fils ne puissent plus présenter notre caution, mais sa caution loca-pass, auquel cas tout le monde a la même caution, et là on revient au CV anonyme, c’est à dire c’est la location ou anonyme, après tout pourquoi pas une loi, alors on guérit les effets secondaires après les effets tertiaires.

30 - Moi je crois qu’il faut vraiment suspendre le CPE, on n’a pas discuté avant on peut discuter maintenant, je ne crois pas que cela porte préjudice. On n’est pas très loin des élections présidentielles, ça permettrait d’entendre les hommes politiques sur les sujets de société à venir. Il ne faut pas que la rue ait la loi, je suis tout à fait d’accord, mais il faut l’écouter la rue et il y a quand même énormément de gens et toutes générations confondues dans la rue. Si on laisse notre jeunesse sans espoir et si on lui dit tu rentres dans ta salle, tu retournes travailler, c’est fini, qu’on la laisse sans espoir, peut-être que le malaise va s’estomper, mais il ressortira un jour et ça se passera très très mal. Je crois vraiment qu’il faut suspendre et discuter.

31 - A travers le CPE je vois d’autres problèmes fondamentaux, à savoir le maintien de nos droits sociaux. Quel avenir après. Si le CPE était maintenu après quel est l’avenir pour nos caisses sociales, nos caisses de retraite. Moi c’est une question qui m’est venue à l’idée à savoir qu’il y a de gros problèmes pour l’avenir.

32 - Pourquoi y-t-il si peu de Français qui prennent le principe de s’engager dans des études au lieu de faire un métier utile ? Moi, ancien interprète diplomatique, brillant intellectuel, j’ai fait treize métiers avant d’être un bon homme politique. J’ai été dans le bâtiment, oh ! évidemment tout de suite je suis devenu conducteur de travaux parce qu’ils ont vu que j’avais une tronche, j’avais une capacité de commandement et de travail. Les trente cinq heures pour moi ça n’existait pas c’était soixante quinze heures, et puis ma femme qui me tirait les oreilles, quand je rentrais. Non il faut travailler prendre les métiers utiles. Il y a des métiers indispensables, mais ça fait trois générations qu’on ne forme pas les parents. Je fais du soutien scolaire à Hérouville Saint Clair, il y a vingt six inscrits en octobre, hier nous étions cinq dont trois bénévoles, il y avait deux gamins qui sont venus, enfin c’est des ados des seize dix-huit ans. Et bien je fais le nécessaire, mais il faut aller dans les familles, mais il y a les deux payés qui disent, mais nous on est éducateur on n’est pas animateur pour aller dans les familles et on retrouve toujours les Français comme ça, on n’ira jamais en avant quoi, si le cheval ne veut pas tirer la charrette on l’aide et on force un peu derrière quoi !

33 - Juste une petite intervention par rapport à ce que vous disiez par rapport aux jeunes qui étaient intervenus, moi je pense qu’on démontre avant tout qu’il y a un respect qui n’est pas du que par les jeunes. Trop souvent on manipule les gens on les traite n’importe comment, et je suis désolée de le dire mais il me semble que le chef de l’état et le gouvernement devraient être les premiers à respecter l’individu. Et quand on voit des manières des choses ou des réactions comme ça c’est peut-être le retour de bâton, je veux dire si vous êtes respectés vous n’avez pas une tendance à aller au-dessus, et je veux dire on ne s’étonne pas après, que bon, c’est pas non plus se mettre la tête sous le sable en disant il n’y a pas de voyous dans les rues, c’est qu’on les a provoqués, il n’y a pas de truands, il n’y a pas de mauvais patrons, c’est faux, il y a toujours des cas d’espèce dans toutes les sociétés dans toute la société. Mais je veux dire quand on attaque les jeunes en les traitant de racaille à les nettoyer au karcher, il ne faut pas s’étonner que les jeunes réagissent, peut-être qu’il y a des voyous, mais il n’y a pas que des voyous, il y a ceux qui sont exacerbés parce qu’ils n’ont rien, il n’ont rien derrière eux, ils n’ont pas d’avenir, ils n’ont pas d’argent, ils ont des parents, alors quand on parle de l’aide parentale, mais je suis désolée, qu’est-ce qui va donner, on les rejette vers l’aide parentale, mais il faut déjà que les parents aient les moyens de pouvoir les aider. Il y a un tas de jeunes qui ne pourront jamais de leur vie être aidés par leurs parents qui eux sont déjà en situation précaire, hein ! faut y penser. Quand on veut avoir le respect des autres il faut déjà être respectueux avec eux, c’est peut-être une leçon que devraient avoir les politiques en premier.

Animateur - Ce qui est intéressant aujourd’hui, est que le sujet est le CPE et on parle de beaucoup d’autres choses, et on peut se poser la question de savoir si les gens descendant dans la rue, étudiants ou non, est-ce que derrière le CPE il n’y a pas autre chose ?

34 - Juste un petit mot sur les études, moi qui n’ai quasiment pas fait d’études, j’ai mon bac et une année une première année de BTS compta. J’ai pas trop mal réussi, j’ai fait les concours de l’administration publique et je suis maintenant catégorie A, je pense donc que je ne m’en suis pas trop mal sortie. Mais rien ne remplacera, rien, les études que je n'ai pas faites. Je vous assure j’ai deux garçons, j’en ai amené un, je lui ai dit, écoutes tu te feras ta propre opinion, c’est bien de venir écouter un débat sur le CPE, il voit ses copains manifester sans toujours savoir pourquoi, c’est vrai, c’est important de se faire sa propre opinion. Il ne veut pas d’études, ou il fait des études professionnelles, c’est son choix, il trouvera peut-être plus facilement du travail, c’est vrai, quoique les statistiques disent que quelqu’un qui a fait des études s’en sort de toutes manières beaucoup mieux que quelqu’un qui n’en a jamais fait, mais sur le plan personnel je regrette, c’est le grand regret de ma vie, c’est de ne pas être allée à la fac, de ne pas avoir appris, et tout ce que glane ici ou là ne remplacera jamais les études que je n’ai pas faites. C’est un capital pour les jeunes de pouvoir en faire, et même si ça ne sert pas immédiatement, surtout s’il y a la flexibilité de l’emploi, on leur demande de partir en Angleterre ou en Chine, les études ça ne pourra que leur servir.

35 - Je pense qu’on n’est pas en démocratie, en potentialité démocratique, qu’on a un système qui nous permet d’accéder à une réelle démocratie où le peuple gouverne, mais ce n’est pas encore le cas. Heureusement on a de la chance, lorsqu’on parle, on ne nous fait pas taire, lorsqu’on fait de la politique ou des groupements de plus de deux personnes, on ne nous met pas en prison, on n’est pas chez ……… ici heureusement. Lorsqu’un état quelqu’il soit, quelle que soit sa nature, dictature, royauté, république à peu prés démocratique, ou à potentialité démocratique, c’est des choses qui sont inacceptables. Il est du devoir de l’habitant de cet état, donc je ne dis pas forcément citoyen, parce qu’il y a des pays où il n’y a pas de citoyens, il est du devoir de l’habitant de cet état, du peuple de le contrer. Aujourd’hui on a plusieurs possibilités pour contrer ce que fait un gouvernement, disons inacceptable à mon avis, même si c’est énormément fait pour des mesures politiciennes entre eux, il n’empêche que les dommages collatéraux nous touchent. Il est donc de notre devoir de faire ce mouvement social, de peser, de créer un rapport de force. C’est triste, je veux dire c’est pas pour rien que je m’investis dans les affaires des citoyens, parce que je suis profondément démocrate. Il n’empêche que je suis conscient du fait que le rapport de force est obligatoire, aujourd’hui. Maintenant il faut transformer ce mouvement social en mouvement citoyen. Le mouvement social fait que les gens se mobilisent, s’opposent, si on arrive à transformer en mouvement citoyen on prendra tous le même bateau ensemble pour la même Arcadie. Donc voilà c’est ça l’idée, l’Arcadie je voudrais en parler un petit peu, c’est un endroit où l’on veut aller et il faut faire en sorte que le gens débattent énormément. On s’aperçoit des problèmes que pose le manque de débat, on s’aperçoit des problèmes que pose le manque de dialogue, il faut absolument multiplier les espaces de réels débats, des débats où l'on se respecte, je pense qu'il faudrait accentuer ce que l’on fait en café citoyen et de les mettre réellement en Arcadie, c’est à dire quelque chose de plus formel où le respect, la prise de parole seraient encore meilleurs.

36 - Oui, tout à l’heure j’ai un peu parlé du CPE, maintenant pour être en sujet cette fois-ci. La question est : est-ce qu’il faut le retirer ou pas ? On entend souvent, oui, comme ça ça permettrait de débattre. Je vois les manifestations, je vois des assemblées générales et je vois des espaces comme ça où quelques dizaines de personnes se réunissent pour débattre. Mais quel serait-il ce véritable débat de fond, on est quand même dans une démocratie dont on a choisi la forme représentative pour des raisons de commodité, parce que justement il est impensable que l’on ouvre le stade de France pour un jour débattre du CPE, ou qu’on le réquisitionne. Pour l’instant c’est pas, les forums sur internet sont quand même très limités et le seul débat auquel j’ai essayé de participer il y quelque temps, c’était un débat sur l’éducation, soi-disant il y avait une nouvelle méthode qui allait être mise en place avec un aviseur de proposition pour essayer d’en ressortir, je n’ai jamais vu le résultat de ce débat national. Quand il y a débat, il y a juste la formulation des mêmes opinions, opinions qu’on connaît bien, l’opinion des deux camps, multipliées par vingt parce qu’il y a vingt émissions de télé, et que chacune d’elle va faire intervenir les deux camps, mais en gros le débat si c’est ça, j’ai envie de dire, le gouvernement en effet qu’il assume ses responsabilités, qu’il garde son CPE, que ça clashe un bon coup, comme quelquefois ça fait du bien dans un couple de clasher un bon coup et de partir un week end se ressourcer je ne sais pas où ( il y en a plein qui rient en disant ça sent le vécu) mais toujours est-il que ce débat je ne vois pas ce qu’il ferait et à la rigueur le CPE il a quand même été annoncé, le débat pouvait avoir lieu et pourquoi est-ce qu’on ne débattrait dès maintenant du prochain projet à l’ordre du jour de l’assemblée nationale. Donc les gens qui parlent du retrait du CPE pour ouvrir le débat, non, le retrait du CPE pour imposer un rapport de force comme le dit Benjamin, j’y crois, enfin je pense que c’est ça le véritable fondement qui amène les gens de l’opposition actuelle à vouloir qu’il y ait un retrait du CPE. C’est d’une part parce que c’est quand même une bonne roustre qu’on donne à l’adversaire, et c’est pas pour qu’il y ait un débat, il ne faut pas se leurrer. Et deuxième chose pragmatique, c’est ce monsieur qui a quand même fait quatre interventions sur l’immobilisme des français et l’environnement mondial qui est autrement plus difficile que celui qu’on vit chez nous. Dans un monde de précarité, peut-on rester un îlot de sécurité ? Ca c’est je pense un débat en soi, parce que la précarité en effet ou l’insécurité elle va être de tout ordre, on l’a soulevé tout à l’heure, l’écologie, social, démographique, économique etc, en quoi notre petit pays, petit par sa taille mais musclé par ses idées, en quoi est-ce qu’il va pouvoir nous préserver, là je pense qu’il y a quelque chose, et cette réflexion là rejoindrait une autre réflexion qui à mon avis est la même question vue sous une autre facette, qui est pourquoi est-ce que les idées politiques avancent si peu vite alors qu’on a les mêmes talents, les mêmes ingéniosités, enfin c’est les mêmes hommes, c’est le même pays. Pourquoi est-ce que en un siècle on est passé de simple rampant à personnes qui vont sur la lune et que dans le même siècle on a fait si peu de progrès politiques et sociaux et qu’on en reste à voter avec des bouts de papier dans des trucs, dans des boites qu’on compte après à la main. Enfin quel est le décalage, pourquoi il y a un décalage, est-ce qu’il n’est pas voulu. Ca pour moi est une question intéressante aussi, pourquoi l’ingéniosité humaine ne se montrerait-elle pas aussi dans ce qui est sociétal ou politique pourquoi il n’y a que le technique qui a réussi à faire des progrès fulgurants à tel point qu’entre l’ordinateur d’il y a vingt ans et l’ordinateur d’aujourd’hui…. voilà.

Animateur - On peut se poser la question, pourquoi on ne fait évoluer les pays en voie de développement depuis presque un siècle.

37 - J’aurais aimé entendre, non pas ici, mais dans ce débat national sur le CPE, autre chose que des arguments négatifs. Dans une discussion il faut comparer ce qui est bon, qui pourrait être bon, enfin ce qui est censé être bon par rapport à ce qui est négatif. Or on n’entend que des arguments négatifs, et ces arguments négatifs on les présente comme si c’était le CPE qui les créait. Pour trouver un logement aujourd’hui, on vous demande entre trois et quatre fois le montant du loyer à justifier comme revenu. Je ne pense pas que même avec un CDI beaucoup de jeunes ait un salaire suffisant. Donc déjà ce problème il existe. Aussi à l’occasion de ce débat on a présenté, madame faisait allusion tout à l’heure à la personne qui a été licenciée parce que le médecin du travail considérait qu’elle ne pouvait plus travailler dans les conditions où elle travaillait. C’est une loi de 1992 votée à l’époque pour combler un vide juridique. Ce vide juridique était que si le médecin du travail vous interdisait de travailler dans le poste où vous étiez, vous vous trouviez, n on pas malade donc la sécurité sociale ne payait pas, et vous ne pouviez plus travailler puisque le médecin du travail l’avait interdit. Donc la loi de 1992 pousse l’employeur soit à licencier soit à offrir un autre poste. Lorsque vous êtes dans une PME il n’y a toujours forcément un autre poste. Présenté les choses comme ça c’est présenter les choses d’une manière un peu fallacieuse, malheureusement c’est l’habitude des médias, on cherche des petits exemples pour alimenter une polémique qui est en cours. Alors des points positifs j’en ai pas vu beaucoup, je l’avoue, dans ce CPE, parce que finalement le seul point positif, l’INSEE évalue à peu près entre dix et vingt mille créations d’emploi par trimestre. Quand on compare à tout le bruit que cela fait, c’est vrai que ça paraît un peu ridicule de faire tout ce bazar pour en arriver à si peu. Ceci étant on peut imaginer qu’une petite entreprise, surtout une toute petite entreprise, compte tenu de la rigidité du code du travail aujourd’hui, peut hésiter à embaucher ne sachant pas trop ce qui va se passer. Si on avait demandé mon avis, mais je ne suis pas qualifié pour qu’on me le demande j’aurais plutôt proposé de modifier les conditions du CDD, voire modifier les conditions de rupture d’un CDI en les élargissant par rapport à aujourd’hui. Ca n’aurait été sûrement pas pire que le CPE, et c’est vrai que ce CPE tel qu’il est ouvre la porte de l’impunité à des employeurs un peu inconséquents. Je termine en parlant des études, je crois que madame a parfaitement raison de dire, je fais partie de ceux qui n’ont pas fait l’université, j’ai pu en éprouver des regrets. Mais à l’époque où j’aurais pu être à l’université, il y avait cent cinquante mille étudiants, aujourd’hui je ne sais exactement combien ils sont, mais je pense quelques millions. Dans le métier qui fût le mien, j’ai appris la comptabilité, à l’époque apprendre ce métier comme je l’ai fait, c’est à dire en même temps que le travail, était tout à fait banal, probablement plus de 90% des gens pratiquaient comme cela. Les derniers temps où je travaillais à Paris, j’ai vu arrivé dans un cabinet d’audit, l’un des plus gros cabinets parisiens, des jeunes sortant de l’université avec des bacs plus cinq, plus six, plus sept, qui venaient chaque année pour vérifier le bilan faire les additions des comptes clients. J’essayais de mettre dans la tête de ces jeunes là qui avaient bossé fortement pendant des années, pour ensuite faire des additions. Je pense que ce n’est pas très motivant, alors qu’à l’inverse à l’époque on apprenait, alors ceci n’est pas valable pour tous c’est évident, mais pour des métiers pratiques l’apprentissage sur le terrain est meilleur. En même temps que j’apprenais j’avançais dans mes postes, je n’ai jamais éprouvé ce regret de dire on m’exploite, on m’a demandé de faire des tas d’études pour ensuite travailler à la base, d’autant plus qu’ils ont tellement appris la théorie qu’ils ne connaissent plus la pratique, un peu comme un chirurgien de haut niveau qui ne sait plus faire une piqûre. Donc il y a certainement une inadaptation des études. J’ai connu un professeur d’histoire normande du moyen âge, s’il avait voulu se mettre sur le marché du travail je pense qu’il aurait été plus vite que moi au chômage. Il faut donc modifier les études pour éviter d’embarquer des jeunes dans des voies de garage qui vont aller gonfler le chômage d’aujourd’hui.

Animateur - Pour prolonger ce que vous dîtes sur la pertinence du CPE pour les PMI PME, il suffit d’écouter et de lire les réactions des patrons de ces entreprises là la majorité est contre, en tous les cas peu favorables. Ils sont plus que sceptiques, puisque de toutes façons une fois de plus aujourd’hui, je ne suis pas sur que ce soit une flexibilité, comme Blaise le disait tout à l’heure, aujourd’hui est-ce qu’on ne peut pas modifier un CDD un CDI, est-ce qu’on ne peut pas licencier quelqu’un qui a un CDI facilement, plus ou moins quand même, est-ce que c’est ce qui fait qu’on embauche ou pas, le fait de mettre un CPE en place on peut raisonnablement se poser la question.

38 - Je veux un peu rebondir sur Blaise. En fait je suis pas contre ce que vous avez dit, mais comment voulez-vous qu’on débatte sur quelque chose qui a été voté, et voté que quelle manière, on ne peut pas débattre comme ça. Ca été voté par nos élus mais c’est le peuple qui est contre, on est dans la rue, le peuple est contre la décision qui a été prise par nos élus. Moi je suis d’accord avec madame quand elle dit, oui il faut suspendre le CPE, je suis d’accord il faut suspendre le CPE, il faut convoquer les syndicats, il faut convoquer les états de la jeunesse et ensuite on va débattre, ensuite on va débattre tout en sachant que c’est vrai que c’est difficile pour les gouvernants actuels d’accepter de suspendre le CPE parce que c’est un enjeu, ils regardent beaucoup plus loin, 2007, ça se sent, parce que si on suspend le CPE et bien la côte et bien elle va basculer, et quand vous regardez bien entre eux dans leur famille ils sont solidaires mais cette solidarité, il y en a qui commence non tiens c’est pas bien il faut, beaucoup ne sont pas d’accord du CPE.

Animateur - Je vais prendre encore quelques interventions et j’invite une fois de plus les gens qui ont peu ou pas parlé à prendre la parole à ne pas hésiter. Je donnerai prioritairement la parole à ces gens là.

39 - Par rapport à ce que tu as dit tout à l’heure, l’important serait de commencer à revaloriser le travail. Je travaille dans les ressources humaines, je suis salarié mais je connais bien aussi les discussions qui se font au comité de direction, et de plus en plus ils reconnaissent qu’une flexibilité de la masse salariale, il faut que ça nous coûte le moins cher possible. Lorsqu’on regarde le CPE par rapport à un CDI ou un CDD, l’avantage c’est qu’on gagne les 10% de prime de précarité à la fin de contrat et c’est ce que voient les employeurs qui sont favorables ce n’est pas la flexibilité. Aujourd’hui on peut facilement, on dit aujourd’hui il faut deux à trois mois pour licencier quelqu’un, dans notre jargon, proprement, c’est à dire pour ne pas avoir de problème prud’homal derrière. Le vrai souci il est plus sur le coût que sur la flexibilité à mon avis aujourd’hui. Par rapport à l’effet créateur d’emploi on le voit par les sondages, l’effet créateur est quasiment nul, il va favoriser des créations d’emploi qui pour l’instant ne se font pas mais qui vont se faire d’ici six mois un an puisque la plupart des entreprises qui doivent recruter qui ont des postes vacants, vont devoir le faire de toutes façons. Le pense qu’on est plus aujourd’hui dans une attitude de vouloir créer des postes plus rapidement pour dire voyez on a réussi à baisser le chômage, on est un bon gouvernement, c’est plus une politique politicienne pour des chances en 2007.Si par contre on veut aller plus loin et comme le dit Benjamin, réfléchir sur un projet de société et faire évoluer les choses il ne faut pas se limiter à l’échéance politique de 2007, et dire on crée la précarité pour répondre à la précarité mais se poser les vraies questions, c’est à dire comment on va pouvoir ramener un retour au plein emploi ou essayer d’y tendre, mais je pense d’avantage revaloriser le travail, donner le goût de travailler redévelopper les formations, on le voit bien aujourd’hui si on prend un salarié qu’on le jette qu’on ne le reprend pas, très vite ces personnes ne vont plus être adaptées à leur emploi, donc le risque va être de se dire on se trouve avec des personnes qui ne peuvent plus une fois au chômage retrouver un travail parce qu’elle ne sont plus adaptées. Peut-être aujourd’hui la vraie solution est une politique de formation adaptée au marché du travail.

Animateur - Je vais prendre les dernières interventions et on va passer au vote des prochains sujets.

40 - C’est un peu vrai ce que vous dîtes mais il y a un problème immédiat, c’est à dire que ceux qui n’ont pas de travail sont bien contents d’avoir quelque chose, alors s’il faut attendre deux ans que les entreprises embauchent. Dans deux ans peut-être elles auront des commandes à faire ou bien il y aura des départs en retraite pendant ce temps là il y en a qui galérent. L’autre jour à l’émission d’Arlette Chabot, il y avait un jeune qui disait, il était masqué d’ailleurs, il disait moi, j’ai trente ans, si on me propose un CPE, je le prends parce que pour l’instant je galère et j’ai rien. Je crois qu’il ne faut pas non plus trop, le CPE n’a pas de vertu en soi sur le plan du droit du travail, mais c’est peut-être un pis aller pour certains, il ne faut pas l’oublier

41 - Juste trente secondes sur l’immobilisme des Français, moi je ne trouve absolument pas qu’il y a un immobilisme de la France. Ca fait plus de vingt cinq ans que je travaille, j’ai vu le monde autour de moi changer à une vitesse, et changer de plus en plus vite, changer les conditions de travail, l’informatique est arrivée, cela a bouleversé toutes nos méthodes de travail. Et puis peut-être qu’on travaille moins, il y a les trente cinq, ce n’est pas évident pour tout le monde, mais il y a des pressions, il faut du rendement, on nous demande de faire trente neuf voire quarante deux en trente cinq et je ne trouve pas du tout l’immobilisme. Alors c’est vrai qu’on freine des quatre fers mais c’est aussi un principe de précaution.

42 - Juste, j’ai signalé tout à l’heure ma vision de ce que devais être le débat et dans quelle condition il pouvait s’installer. La démocratie implique l’acceptation des règles du jeu de la démocratie. Alors certes il y a l’erreur du 49-3, enfin l’erreur, le passage douteux du 49-3 qui peut amener le gouvernement à éventuellement prendre une position de repli qui ne serait pas déshonorante. Sinon les institutions prévoient quand même que c’est le président de la république qui promulgue la loi une fois qu’elle est votée par le parlement, les deux assemblées. Donc c’est lui qui a la possibilité aussi de dire retournez à la case départ ou alors le conseil constitutionnel s’il y avait une étrangeté une bizarrerie juridique dans le texte lui-même. Mais c’est au nom de qui des gens, même si on les écoute, même si on prend en compte la température etc des gens qui descendent dans la rue, dont les politiques savent très bien aussi qu’ils sont une masse assez ciblée même, on pourrait faire un mailing à ces gens là, c’est toujours plus ou moins les mêmes qui descendent dans la rue, c’est des activistes politiques. Leur engagement démocratique il est vis à vis de l’ensemble de la popuilation y compris vis à vis de la petite grand-mère qui regarde passer par ses fenêtres la manifestation. L’engagement il est pris vis à vis de tout le monde et pas vis à bis des gens qui peuvent avoir le temps les ressources intellectuelles et l’envie de contester une loi un moment donné. Donc parce que sinon on met en cause le principe de la démocratie représentative, qui veut que le débat se fasse dans les deux assemblées. Alors je veux bien pour regarder les mêmes chaînes que probablement notre ami monsieur Seeuws, public sénat et la chaîne de l’assemblée nationale de temps en temps l’après midi, pour se rendre compte que la teneur des débats est loin de celle de dis sept cent quatre vingt neuf, mais quand même je pense que c’est quand même là que doivent se faire les choses après tout, ces gens sont élus. C’est pas une attitude réactionnaire que de dire qu’il ne faut pas forcément écouter les gens dans la rue c’est au contraire je pense une attitude révolutionnaire au sens le plus noble c’est à dire que si jamais ces gens là usurpent le pouvoir à la place où ils sont, et sont là par un jeu politicien alors qu’ils devraient y être pour des raisons beaucoup plus légitimes, ça finira par exploser mais à condition qu’on ne lâche pas trop de lest tout le temps, le principe de la soupape, vous savez l’autocuiseur avec sa petite soupape de sécurité qui empêche la marmite d’exploser. Donc le réactionnaire voudrait que de temps en temps la petite soupape s’actionne que le bon petit clivage gauche droite y vienne, une manif une fois par an de préférence à telle date à la rentrée de septembre et puis avant les vacances d’été, ce serait bien et si on pouvait en glisser une vers l’hier parce qu'il fait froid, voilà bon je ne pense pas que ce soit l’attitude réactionnaire.

Animateur - On va passer au vote du sujet pour le prochain café citoyen. Donc j’invite tous ceux qui ont un sujet à proposer. Je rappelle chacun proposer son sujet et ensuite on vote et celui qui a le plus grand nombre de voix sera débattu la prochaine fois

1 - Euthanasie : devoir d’humanisme ou pratique inhumaine ? 11 voix puis 8 voix
2 - Quelle cité pour demain ? 2 voix
3 - Pourquoi assise-t-on à une montée du racisme en France ? 11 voix puis 11 voix
4 - Peut-on réexaminer le système électoral un vote qualitatif ? 2 voix
5 - Pourquoi ne pas instaurer le référendum d’initiative populaire ? 8 voix
6 - Pourquoi les idées politiques sont-elles si longues à évoluer comparées aux idées techniques ? 6 voix
7 - Comment parvenir à préserver notre modèle social dans un monde insécure ? 4 voix
8 - Entre le mythe de l’autorité et le pouvoir de la rue, où en est la démocratie ? 5 voix
9 - La France est-elle toujours le Pays des droits de l’homme ? 5 voix

PROCHAIN CAFÉ CITOYEN SAMEDI 8 AVRIL : Pourquoi assise-t-on à une montée du racisme en France ?

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