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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (10/03/2001)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

Espace public et espace privé

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Une société se caractérise notamment par les rapports qu'entretiennent l'individu et la société. La frontière entre sphère publique et sphère personnelle est ambiguë. D'autant plus que la limite est facilement franchie dans un sens comme dans l'autre. Violer un espace privé est aussi aisé que s'approprier un espace public.

Tout d'abord, et c'est l'aspect le plus élémentaire du problème, les personnages publics, et notamment les hommes politiques, souffrent de ne plus pouvoir cacher leur vie privée. Rappelons-nous l'affaire "Monica Lewinsky". L'idée de « transparence » conduit désormais un homme politique à justifier au regard de sa fonction des choix personnels. « Nous sommes dans une société de l'image, du paraître » lance un citoyen. La « press-people » qui dévoile les petits secrets des stars préférées et les investigations journalistiques tiennent plus de la traque du détective que du journalisme. Pour certains, « cette offre n'est que le fruit d'une attente. Cela comble le voyeurisme des gens ». L'on cite dans la salle l'émission « Big Brother » qui consiste à regarder 24h/24h des personnes dans leur intimité. Pour d'autres, « on habitue les gens à en vouloir toujours plus. Cela s'excite et s'entretient ». La responsabilité est donc difficile à attribuer. L'engrenage est très complexe. Notons de plus l'utilisation par les personnages publics de cet engouement pour le voyeurisme. Certains artistes n'hésitent pas à étaler leur vie privée. Ce qui a pour effet d'accroître leur vente. Un citoyen remarque qu'à la télévision les émissions politiques dites «sérieuses » avec débats disparaissent au profit d'émissions de variétés dans lesquelles les hommes politiques parlent de leur vie privée. Pour un intervenant, c'est aussi une « pratique politicienne que de dévoiler, par exemple, son homosexualité alors que l'on est un homme public ». Il y a, ne l'oublions pas, une responsabilité personnelle de déclarer public ce qui est privé. « Ne devrait-il pas y avoir des lois qui empêcheraient le privé d'être dévoilé ? ».

Il faut se méfier de l'image que l'on se crée d'une personne publique. Car il y a une dimension psychologique à l'image. Constamment nous référer aux personnages publics nous empêche de voir nos propres « zones d'ombres intérieures ». C'est de l'aveuglement. C'est sombrer dans la facilité que de reprocher à autrui, de surcroît une personne que l'on ne voit qu'à travers l'écran de télévision et qui ne pourra jamais remettre en cause notre jugement, ce que nous dissimulons en nous.

« Il existe dans l'espace public des méthodes pour piéger, violer, notre espace privé. » C'est ce que l'on nomme le marketing. La société de consommation l'utilise volontiers. Les politiques de plus en plus pour leur élection. Certes l'isoloir du bureau de vote reste le dernier espace personnel dans lequel notre choix est libre ; il n'en reste pas moins que le marketing politique se sera approprié à coup d'affiches, de tracts, de slogans, notre espace privé pendant la campagne. Qu'en est-il de notre réflexion personnelle et de notre esprit citoyen ?

Nous pouvons distinguer deux formes d'implication dans l'espace public. La première est l'aspect médiatique non voulu. C'est ce qui arrive par exemple lorsque l'on se retrouve en photo dans un journal sans en avoir donné l'autorisation. Mais « on a toujours le droit, rappelle une intervenant, de refuser la photographie surtout lorsqu'elle est suivie d'une publication et d'une vente ». Néanmoins, lorsque l'on participe à une réunion publique, c'est que l'on manifeste une volonté de s'exprimer publiquement. La crainte de la diffusion médiatique suppose donc que cela puisse porter préjudice. Que va penser mon voisin de ce que je fais ? Cela ne va-t-il pas m'attirer des ennuis au travail ? Telles sont les questions que l'on peut se poser. La deuxième implication dans l'espace public est la position sociale que l'individu prend de son plein gré. Un habit de curé, un uniforme de policier, voilà des « étiquettes sociales » que l'on décide de porter.

Un intervenant corrèle l'image sociale à l'augmentation de la taille des villes. « Dans un petit village, tout le monde se connaît. La frontière entre vie privée et vie publique est amoindrie. » Avec l'augmentation de la taille des villes, « l'impression de masse est plus présente. D'où une volonté accrue de préserver son intimité ».

Une action privée contraire à la loi tombe sous le joug de la justice et donc se transforme en action publique. Dans la sphère privée, il est difficile de savoir si les lois sont respectées. Prenons pour exemple la détection d'enfants maltraités ou la lutte contre le terrorisme. « Mais jusqu'à quel point doit-on autoriser pour le bien, la sécurité de l'État, l'intrusion dans la vie privée ? ». Les renseignements généraux et les écoutes téléphoniques ne peuvent-ils pas être considérés comme un non-respect de la vie privée ? Pour un intervenant, ce qui est important, « c'est ce qui est fait de ces informations personnelles ». Le problème se pose lorsque ces moyens tombent dans les mains de personnes malhonnêtes.

La dichotomie simplificatrice entre espace public et espace privé nous empêche certainement de dégager d'autres aspects du problème abordé. Peut-être, pour conclure, devrions-nous nous interroger sur le devenir de notre société. L'individualisme continuera-t-il de s'imposer ou retrouverons-nous un esprit collectif ?

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