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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (27/01/2001)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Politique et Société

Que veut dire aujourd'hui « être français » ?

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Chacun d'entre nous aime à se sentir au sein d'un groupe. Les forces fédératives qui construisent les sociétés cultivent ce sentiment d'appartenance à une communauté. Et les liens qui unissent les hommes cherchent toujours à s'articuler autour d'une identité commune. Certainement au bénéfice d'une meilleure cohésion. Quelque fois préjudiciable à l'acceptation de la différence. Pour l'heure, il est question de ce que signifie « être Français ».

Le débat s'engagea d'abord sur la recherche de ce qui ferait d'un individu lambda un Français. Administrativement parlant, sont considérés comme Français tous ceux qui possèdent la nationalité française. Une vieille définition du Petit Robert nous apprend que la nation est « un groupe d'hommes auxquels on suppose une origine commune ». Il est dit aussi que nation provient de natio, signifiant "naissance". Mais cette étymologie ne convient guère. Tout au plus, elle soutient la conception germanique selon laquelle la nation se base sur le droit du sang. La tradition philosophique française, elle, fonde sa pensée sur le droit du sol. D'où la définition suivante du Petit Robert : est une nation tout « groupe humain, généralement assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité (historique, sociale, culturelle) et la volonté de vivre en commun ».

De la nation se dégage donc une volonté commune de vivre ensemble. « On est alors Français par filiation mais aussi par naturalisation ». Notons que la patrie ( pater, père. ) possède une connotation militaire. Rappelons-nous La Marseillaise. Le peuple français en la chantant exaltait le sentiment patriotique. Chose qui pouvait paraître nécessaire en ces périodes révolutionnaires. La nation rassemble alors des individus sous des valeurs communes. Elle nécessite la possession d'un territoire, l'unité linguistique, l'indépendance économique, des traditions et des histoires communes et surtout la conscience et la volonté d'un même destin politique. C'est la notion même de peuple. La nation est ainsi le berceau de l'Etat.

De nos jours pourtant, en Afrique notamment, l'Etat précède souvent la nation. C'est le cas de nombreux Etats arbitrairement imposés, souvent par le colonialisme, qui tente de souder des ethnies entre elles sans qu'aucune volonté commune ne les y ait enjointes. Ainsi un peuple, dans son unité, son entendement général, décide de créer un Etat. Il y a donc affirmation d'une identité. Des individus se retrouvent pour partager des valeurs communes. Il existe cependant des dérives. Le nationalisme, faisant de la nation un absolu, exalte aveuglément le sentiment national et engendre le plus souvent la xénophobie. Le chauvinisme applique ces mêmes règles à une moindre échelle. Un intervenant se rappelle de l'exclusion dont il a été victime. Déménageant, se retrouvant dans une région inconnue, il était rejeté, n'étant pas « un enfant du pays ».

Une communauté est soudée par des valeurs communes : historiques, culturelles, linguistiques. Se pose alors le problème de l'intégration des « étrangers », de ceux qui proviennent d'une société basée sur d'autres valeurs. Pour certains, ce rejet de la différence doit être dépassé. « Chacun a peur de se perdre dans les autres » image un citoyen. « Cette peur est irrationnelle ». « Cette réaction nous prive d'un enrichissement au contact d'autrui d'autant plus intense lorsque celui-ci est très différent ». Pour d'autres, il existe des limites à l'intégration. Trop de différences ne nous permettraient pas de vivre dans une seule et même communauté. Penser que nous sommes tous identiques et que nous devons tous réagir selon les mêmes lois, c'est sombrer vers l'homogénéisation. Mais ce problème n'est qu'apparent. Car vivre sous une même nation, c'est seulement respecter les mêmes lois, pratiquer les mêmes droits et devoirs, participer à la construction, à la cohérence d'une société. Le problème de l'Algérie fût effleuré pendant le débat. Une intervenante souligne que « l'individualisme contribue à ce que l'on ne s'aperçoive plus des différences entre les personnes et inhibe la communication entre eux ». Quelques évènements, notamment la Coupe du Monde de Football, nous montre que le corps social peut toujours se sentir uni.

L'altérité contribue certes pour un peuple à construire sa propre identité. Mais altérité ne signifie pas négation. Plusieurs peuples pourraient revendiquer leur unité et pour autant participer à l'élaboration d'une inter-communauté planétaire. On aborda aussi ce que représente aux yeux des autres pays l'esprit français. Le rayonnement de la pensée française, notamment celui du Siècle des Lumières, contribua au fait que la France reste un exemple, un phare dans le monde. La Révolution Française marqua grandement les esprits. « Beaucoup de pays encore rêvent des mots Liberté, Egalité, Fraternité, depuis deux siècles gravés sur nos frontispices ».

Nous sommes tous citoyen de notre ville, de notre nation. « L'étape suprême devrait être citoyen du monde » lance-t-on dans la salle. La construction de l'Europe est pour quelqu'un « la première étape de la construction d'un sentiment d'appartenance au monde ». Certains s'inquiètent d'une perte de l'identité française au profit d'une identité européenne, plus vaste. Mais l'évolution de la structure à laquelle nous avons le sentiment d'appartenir, l'Europe, plus tard le monde, contribuera certainement à une construction individuelle plus riche et tolérante.

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