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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (26/02/2000)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Éducation

La dévalorisation des diplômes

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Les diplômes s'avèrent être de plus en plus obsolètes. Posséder un haut niveau d'études ne garantit plus l'insertion professionnelle. Plus grave est le sentiment d'une école inutile ressenti par les étudiants qui, confrontés au chômage, considèrent la scolarité comme une perte de temps. Cette dévalorisation des diplômes cache plusieurs réflexions sous-jacentes.

Un diplôme est censé refléter le niveau scolaire d'un individu. C'est le moyen de certifier une acquisition de connaissances et un niveau de raisonnement. Les examens sont des épreuves dont le rôle est de déterminer - sinon d'évaluer - les aptitudes d'un candidat. Ces filtres sélectifs permettent de comparer la force d'un candidat et le niveau requis pour prétendre à un certain rang, par exemple bachelier ou docteur.

Le nombre d'années d'études a considérablement augmenté depuis quelques décennies. On pourrait logiquement s'attendre à une augmentation du niveau moyen de scolarité. Des intervenants affirment qu'il n'en est rien. Le certificat d'étude d'il y a quarante ans correspond peu ou prou au baccalauréat d'aujourd'hui. D'autres insistent plutôt sur une chute du niveau scolaire. Les examens ne possèdent plus de caractère sélectif si bien que les diplômes perdent peu à peu de leur valeur. Certains s'aventurent même à dire que retarder l'entrée des jeunes dans la vie active arrange les chiffres du chômage. L'éducation semble alors en perte d'identité.

On insiste souvent sur l'inadéquation entre le monde des études et le monde du travail. On rajoute même que la correspondance entre le niveau d'études et l'emploi est insuffisant. Mais les relations entre le monde professionnel et le monde de l'éducation doivent elles être si étroites?

L'éducation d'un individu est divisée d'une part en une formation personnelle et, d'autres part, en l'apprentissage d'un métier. Cette dernière forme d'éducation correspond à notre implication au sein de la société. On devrait donc distinguer le diplôme, qui reflète un niveau d'études personnel, d'avec le certificat de compétences qui, lui, résume nos capacités d'investissements sociaux.

Ce sont visiblement les besoins de notre société qui paraissent difficiles à définir. Les secteurs d'activités évoluent avec une rapidité telle qu'il est difficile de prévoir sur plusieurs années les besoins de la société. Les filières traditionnelles, échelonnant les formations sur deux voire trois ans, se retrouvent alors dépassées. On voit ainsi fleurir nombre d'instituts de formations dont le but est de proposer l'acquisition de compétences en quelques mois. Par ailleurs, dans un souci de remise à niveau des employés, les formations continues sont de plus en plus courantes au sein des entreprises.

L'adaptabilité est alors la règle dans une société dans laquelle compétitivité et exclusion se côtoient. La productivité étant le leitmotiv général, les entreprises embauchent des personnes qui seront de suite opérationnelles. De plus, nous constatons que ce système productif ultra rapide génèrent lui-même des besoins factices et imprime à la société un rythme de consommation à outrance. Ainsi, l'adéquation entre les compétences des individus et le monde professionnel ne pourra exister qu'au moment où les besoins de notre société seront réellement redéfinis.

On reproche aux institutions scolaires de considérer l'école seulement sous la forme d'un catalogue de connaissance ou d'une encyclopédie de savoir. Les méthodes académiques ne passionnent pas les élèves qui manquent de motivation. Beaucoup de professeurs déplorent un je-m'en-foutisme et un manque de soif de connaissance. Pourtant, on ne s'interroge pas assez souvent sur ce qu'inspirent les murs de l'école. Beaucoup d'élèves ressentent ce lieu comme une prison alors qu'il devrait être perçu comme source de liberté.

L'éducation est seulement considérée sous l'angle infime de la formation professionnelle. Aller à l'école, c'est chercher un métier. On ne s'étonnera alors pas que pour certains, aller à l'école rime avec voie sans issue et chômage.

L'école doit être le lieu de développement de l'élève. Il faut alors éveiller la curiosité pour que le simple émerveillement du monde constitue la soif de connaissance et l'énergie nécessaire à l'établissement de la culture. Des intervenants rappellent que l'on n'apprend pas assez à se connaître et que apprendre à apprendre permet de nous rendre plus libre. L'éducation ne saurait être un moule uniforme. Elle doit permettre à chaque élève d'acquérir ses outils de développement, de se découvrir et de se former une personnalité.

En Bref, la réflexion citoyenne s'exprime :

L'éducation d'un individu est à la fois personnelle et sociale. Le diplôme correspond à l'acquisition de connaissances et de raisonnements. Il reflète un grade scolaire. Sa dévalorisation semble due, d'une part, au manque de sélectivité des examens et, d'autre part, à la confusion entre diplôme et compétence professionnelle.

Le monde de l'éducation s'est tellement rapproché du monde professionnel que la principale préoccupation des instituts scolaires est l'acquisition d'un métier. On néglige alors ce grand rôle de l'éducation qui consiste à développer la curiosité, à faire se découvrir un élève, à se forger une culture.

Les centres d'activités de notre société évoluent rapidement. L'adéquation entre les compétences des individus et les besoins grandissants de la société de consommation nécessite la mise en place d'organismes de formation ultra rapide. Une redéfinition des besoins de notre société semble inéluctable.

Notes :
- Diplôme : acte qui confère et atteste un titre, un grade. (Le Petit Robert)

Thèmes proposés pour le Café Citoyen du premier mars 2000 :
- Interdire et déresponsabiliser. 3 voix
- Internet et citoyenneté. Les réseaus en général. 9 voix
- Le modèle économique asiatique. 7 voix
- Égoïsme et individualisme. 8 voix
- Peut-on gouverner sans mentir ? 16 voix

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