“Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.”

Honoré de Balzac (1799 - 1850)

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Compte-rendu analytique par Sylvie SAPERASCafé Citoyen de Nîmes (01/02/2011)

Animateur du débat : Sylvie SAPERAS

» Démocratie et Citoyenneté

Quel projet pour Nîmes ?

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L'animation est assurée par Aurélia DUBUC

Le préambule est présenté par Raphaël AMATE LE PLAY.

Quel projet pour la ville ? La ville change et nous qu'est ce qu'on fait pour s'adapter à ce changement ? Comment allons-nous faire pour vivre ensemble dans cette ville qui change ? Comment sont pris en compte nos problèmes sur l'emploi ? Et la jeunesse que devient-elle ? C'est aussi la question parallèle de la relation avec Montpellier parce qu'à Nîmes, quand on est jeune, on ne s'amuse pas trop ici, alors on va à Montpellier. J'ouvre par ces mots le débat.

1 - Nous avions soulevé la question aussi parce qu'il y avait des expériences différentes. Pour ma part, j'habitais à Nîmes, il y a 35 ans, pour des raisons professionnelles, 18 ans plus tard je quittais la Région et je suis revenue seulement depuis un an. Je découvre ou redécouvre une ville que je ne reconnais pas tout à fait. C'est-à-dire j'espérais retrouver une vie culturelle intéressante, café philo, bar à thèmes, terrasses de café animées le soir en dehors de la période de la féria et même s'il y a plusieurs cinémas et une médiathèque, en terme de rencontres culturelles je suis restée pantoise
devant un vide certain.

2 - Tu as tout à fait raison mais moi, c'est l'inverse, je suis arrivé à Nîmes, il y a 30 ans et je n'ai pas quitté Nîmes même si j'ai beaucoup d'attaches à l'extérieur comme Montpellier et je te trouve très gentille avec cette ville. Car il y a un constat d'échec très cuisant.
Nîmes, eu égard à sa taille est probablement devenue la ville la plus pauvre de France, la plus insécurisée. C'est la ville où le dynamisme économique est égal à zéro. La culture, c'est bien, mais surtout quid de l'économie ? Qu'est ce qui fait vivre cette ville ? A part l'immobilier, ça c'est sûr, où est la grande reconversion du textile ? La grande reconversion de la SNCF ? Nulle part. J'aime entendre une vision extérieure comme tu viens de le rapporter.
Perpignan, on le sait, va devenir la capitale Française et du Sud de l'Europe pour les énergies nouvelles… Montpellier est la capitale européenne de l'agro, n°1 de l'Europe…..Alès, dans les 10 ans sera la capitale de tous les métiers du risque avec l'Ecole des Mines, etc…. et l'un des trois centres de thérapie cellulaire.
Et Nîmes ? Rien. Nîmes, c'est quoi ?
Effectivement, on va nous amuser avec un peu de football et un peu de taureaux mais c'est un modèle qui connait ses limites et je note que sur la plaquette de Nîmes, on est en train de retirer le volet tauromachie. C'est bien, car c'est seulement un fait culturel qu'on aime ou qu'on n'aime pas, peu importe, mais surtout ce n'est pas attractif pour le territoire.
Je constate aussi que tous ceux qui ont essayé de faire quelque chose ont été éliminés. Trop de personnes, de droite ou de gauche, ont intérêt à garder cette ville avec un peu d'amusement mais sans plus. Les exemples sont nombreux que cela soit IBM, l'Université, etc….C'est étonnant mais le modèle plaît bien pour un maire qui se situe comme un maire de village et non comme un maire d'une agglo de 250 mille habitants.
Demain sera fait de quoi ? Aujourd'hui, quelle est la possibilité pour un jeune de vivre à Nîmes ? Pour l'instant, je ne vois pas.

3 - Il est vrai qu'à Nîmes, rien ne se fait d'un point de vue économique, ainsi dans le cadre de la Région, de la métropole Montpellier/Perpignan, Nîmes devient une cité dortoir. La seule excuse est de posséder des monuments romains. Tout est basé la dessus et c'est ce qui a été fait pendant de nombreuses années par tous les maires. BOUSQUET, par exemple, qui voulait tout révolutionner a fait de Nîmes, une cité de Romanité. J'ai appris d'ailleurs la prochaine création un musée de la Romanité à Nîmes…. Je ne sais pas avec quel argent.
Nîmes va rester une ville de monuments et je ne vois vraiment pas quelle activité économique peut s'installer…. Peut être au niveau de la recherche….mais comme la recherche est une annexe de Montpellier !!!

4 - Vous avez raison et tort à la fois, je crois que cette région est un échec. D'abord, on n'a pas su faire un bon découpage, (Perpignan est plus tourné vers Toulouse) ensuite, il y a 20 ans cette région, malgré tout son potentiel, notamment sur la recherche, n'avait pas de VRAIE capitale comme Toulouse, Barcelone, Marseille, Lyon….Le problème, donc, est que cette région s'est recroquevillée sur son capital . Montpellier, alors, était la connaissance et Nîmes, avec son passé industriel devait pouvoir valoriser cette connaissance. Ainsi un vrai duo aurait dû être mis en place, mais cela n'a pas marché.
La ville de Troyes qui souffre beaucoup plus d'handicaps que Nîmes, un jour a croisé un homme politique audacieux. En tant que Président du conseil général, il a dit je ne veux plus construire de routes, il y a eu un froid mais il a tenu bon et a créé une zone d'activités : 57 entreprises. Et ça fonctionne, alors que Troyes n'a pas d'accès sur le Sud. Ils ont choisi un thème. Dans ce cas ce fût la nano technique, mais peu importe. Ce qui compte c'est qu'ils ont mis le paquet, par exemple en payant des chercheurs sur le budget du Conseil Général. Ici à Nîmes, il n'y a pas d'envie.

5 - Ce que tu dis, est très fort, très juste. Mais, moi, en tant que simple citoyenne qui n'a pas de mandat, que puis je faire pour que cela change ? D'accord, on peut me dire « bien voter » ou « aller voter » mais d'évidence cela ne suffit pas. En tant que simple citoyenne qui paie des impôts que puis je faire pour que cela change ? Le café citoyen est peu de choses par rapport à l'ampleur de la tâche. Quel est le pouvoir du citoyen dans cette ville ?

6 - Troyes est un bon exemple. Moi, je connais Lille avec sa braderie. Je suis né à Douai, petite ville à côté de Lille. Je peux vous assurer que le contraste est saisissant. Douai est devenu exactement comme Nîmes, il n'y a plus rien, plus d'usines, plus de mines. Le soir pour trouver un restaurant ouvert, c'est compliqué.
Quant à Nîmes, j'y habite depuis plus de 30 ans, d'un point de vue culturel, tout s'est « cassé la figure », au fur et à mesure. Les anciens Nîmois se souviendront du Titoi de Titus avec Bruno Perrin et les autres. Au bout de 10 ans, Bruno en a eu marre. Ce café théâtre s'est arrêté faute de subventions, pourtant il y avait un monde fou et le public était composé à 50% d' ouvriers, d' employés, pas seulement des cadres supérieurs…. Nous avions aussi des clubs de jazz, ouverts à tous et peu à peu ils sont devenus confidentiels « entre gens qui se connaissent bien ».
Il y a en effet à Nîmes une volonté de ne pas avoir de vie culturelle et de sorties.

7 - Et bien moi, j'aime Nîmes et je vais vous répondre. Il y a plusieurs niveaux, la jeunesse, la culture, l'économie…. Il ne faut pas tout mélanger.
Au niveau de la culture, il se passe plein de choses. Il y a le petit Subito, l'Odéon, la Compagnie des loups… Il y avait le Mille Feuilles. Il y a des lieux et ce grâce aux associations. La vie culturelle fonctionne dans cette ville même si la municipalité, hormis le « conseil des sages de l'Académie de Nîmes », ne soutient pas grand-chose. Je suis allée au Zinc, l'autre soir, c'était fabuleux. Il suffit de se renseigner. Il y a toutes sortes de possibilité. Il ne faut pas dire qu'il n'y a rien à Nîmes, même ou surtout par rapport aux personnes qui se battent pour le maintien de cette vie culturelle.
Par contre, la jeunesse à Nîmes n'est pas bien traitée. C'est une volonté ou plutôt une non-volonté municipale et quand tu dis, il n'y a pas d'envie, je dirais que c'est de l'incompétence. L'objectif principal de cette ville est le bétonnage, il n'y a pas de vision de développement et d'assurance pour attirer les entreprises. A un moment donné des personnes pourraient s'investir pour soutenir ce développement mais ce n'est pas possible, parce que c'est la loi du plus fort qui gagne. On a une municipalité qui fait du minéral ou de l'abattage d'arbres (d'ailleurs, demain des gens vont s'enchainer bd Gambetta pour éviter l'abattage). Il y a quand même des comités de quartier.
D'un point de vue économique, Nîmes a beaucoup souffert par rapport à Montpellier mais je n'ai
pas envie de nous comparer à Montpellier. Nous ne sommes pas Montpellier. Si on peut trouver des spécificités et comment attirer des entreprises, cela passe obligatoirement par une volonté politique qui bloque.
Et nous en tant que citoyens, on doit se battre, signer des pétitions, voilà…

8 - Je suis d'accord et je ne suis pas d'accord. Je reprends l'image de la ville de Douai et je réfute la comparaison. Nous avons plus d'atouts en termes de passage parce que nous sommes un vrai carrefour entre l'EST et l'OUEST par rapport à l'Arc méditerranéen. Là est notre force.
Sur l'aspect culturel, il se passe pas mal de choses, c'est vrai, mais il faut toujours avoir un porte drapeau, un truc qui identifie et pour nous c'est un problème. Quand je dis Nîmes/culture, les gens ne connaissent pas, si je dis Avignon, c'est le théâtre, Aix, c'est l'opéra, Montpellier, c'est la danse et radio France, Nîmes, c'est rien. Cela aurait pu être le jazz, mais…
Cela conclue à quoi ? Le tourisme est catastrophique. Il représente 1/3 des touristes d'Avignon et la moitié des touristes d'Arles.
Mais mettez vous à la place des touristes, à 80%, ils arrivent par Nîmes/EST, c'est la catastrophe, vous êtes déjà arrivés par là. C'est moche. FRECHE, il a tout compris, il a mis l'Odysseum à l'EST pour attirer, capter les gens. Nous, on a rien. Quand je me mets au carrefour des Carmes, pour manger, les gens baissent la vitre de leur voiture et me demandent « c'est où les arènes ? ». Je sais d'où ils viennent, ils sont rentrés par Nîmes/EST, sont passés par le Chemin Bas, ont longé la voie ferroviaire et ils se retrouvent là, en se demandant quelle est cette ville !
Alors qu'il était plus avantageux d'aménager une grande avenue, type la route d'Arles et de construire un grand parking, pas cher, environ 2 euros, du côté de l'avenue Feuchères afin que cela soit évident de venir à Nîmes. Au lieu de cela, nous allons avoir un nième musée. A ce propos, je voudrais bien savoir combien coûte le musée de la tauromachie, combien de visiteurs/an. Je n'arrive pas à avoir les chiffres, pas étonnant vu le peu d'intérêt de ce musée « à la papa ». En comparaison le musée de Flamenco de Séville est fabuleux avec toutes ses nouvelles technologies.
Voilà, qu'est ce qui définit Nîmes ? Rien. On a pensé que c'était la tauromachie, mais, non, c'est une culture trop locale qui concerne, à mon avis, pas plus de 4000 personnes. C'est un fait culturel, dont acte, mais qui ne fait pas tourner une ville.

9 - J'ai envie de défendre la tauromachie. Parce que s'il y a un moment où il se passe quelque chose dans cette ville, c'est justement pendant la féria où il y a des millions de gens qui viennent de l'extérieur. Nîmes est la principale place de France de la tauromachie. On n'aime ou on n'aime pas, peu importe mais il n'en reste pas moins qu'à l'étranger ou à Paris, les gens connaissent Nîmes pour sa féria et sa maison carrée.

10 - Quand on n'est pas militant d'un parti, quand on n'est pas protestant, quand on n'est pas né à Nîmes, quand on est un simple citoyen « lambda » qui circule dans les rues de Nîmes, qui s'informe au point Info, derrière les arènes et bien c'est difficile de trouver les « bons » endroits, les « bonnes » adresses pour « bien » vivre et sortir au quotidien à Nîmes.

11 - Il y a la Gazette de Nîmes.

12 - C'est vrai, la Gazette est un excellent journal mais je persiste à dire, pour avoir beaucoup voyagé et pouvoir comparer, que Nîmes a « un quand à soi » très particulier. J'ai envie de vivre ici mais le caractère des Nîmois est tout de même particulièrement difficile.

13 - Ce sont des « Réboussiers ».

14 - Quand je suis arrivée de Paris, j'ai trouvé que Nîmes était comme un gros village, pas vraiment attirant. Quand on parle de Nîmes, c'est vrai, on parle de corridas, mais tout le monde n'aime pas et ce qui peut attirer peut aussi faire fuir. Donc il faut arrêter de s'appuyer sur la féria.
C'est sûr, l'entrée de Nîmes devrait être plus somptueuse et l'on devrait pouvoir être « escortée » jusqu'au Centre Ville.
Vous avez, tout à l'heure parlé du Mille Feuilles. Pour avoir fréquenté cet établissement je peux dire qu'il est souvent arrivé que la police le fasse fermer vers 23h lors de concerts, pourtant c'était plutôt calme. Nîmes est une majorité de gens qui n'ont pas envie que ça change et qui ne sont pas vraiment concernés par les 45% -50% de chômage dans les cités. Il est plus que grand temps que les industries s'installent. Cela ne peut plus durer. Nîmes est triste, ne fédère pas et devient une ville dangereuse.

15 - Tout à l'heure, j'ai beaucoup parlé des associations, des personnes qui s'escriment pour donner une vie culturelle, mais c'est vrai, il y a l'autre aspect, à savoir une municipalité qui ne s'engage pas.

16 - Je ne suis pas Nîmoise, non plus, j'y habite depuis 20 ans et je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. C'est-à-dire, rapidement, j'ai fais partie d'un comité de quartier, d'associations, de réflexions diverses et variées, je vais au théâtre, etc… et j'aime cette ville. Je trouve qu'elle est belle… en dehors des travaux qui s'y passent…Je vous trouve très sévères.
Et quand on dit « on va faire venir des entreprises », il n'y a pas que ça à faire. Il s'agit davantage de recréer la mixité sociale, revoir l'urbanisme qui ne doit pas être uniquement des endroits où on va dormir et où on met 50% des gens qui sont au chômage. Il faut tout casser, enfin quand je dis tout casser, il faut surtout recréer des zones dans lesquelles existent des activités, du logement, du loisir et si on arrive à créer de pareils pôles, où il y aura un peu de tout, de grands progrès seront visibles.
Parce que faire venir des entreprises, c'est aussi se demander qui va venir dans ces entreprises ? Des gens de l'extérieur ? Qui ont un bac+5, +6 ! Bien sûr, ils vont consommer, je ne suis pas contre, mais fondamentalement rien ne changera, aujourd'hui, au problème des quartiers populaires. Tant qu'on ne saura pas résoudre ce problème, on n'arrivera pas à grand-chose.

17 - Je suis arrivé à Nîmes, il y a 7 ans, avec ma vision de jeune, à l'époque. Ce qui m'a d'abord frappé, c'est l'immobilisme de Nîmes. Pourtant, c'est une ville qui a beaucoup de potentiel, je ne serai pas aussi pessimiste que vous. Je pense qu'on peut changer les choses, bon, je suis encore jeune… Je peux avoir encore quelques illusions…. Mais je reste convaincu que le patrimoine doit être mieux valorisé.
Je connais ton point de vue sur les musées mais le patrimoine est vraiment mal mis en valeur. Lorsqu'on voit qu'Arles qui a su mettre en valeur ses arènes et le reste, Nîmes ne communique pas suffisamment de façon pertinente. Par exemple les mosaïques qu'on a trouvées, on pourrait faire quelque chose pour qu'elles soient vues. Tu parles de la féria, cela dure qu'une semaine dans l'année. Est-ce que tous les habitants peuvent s'identifier à un événement, une semaine dans l'année ? Je ne suis pas sûr, même si cela fait partie de la culture de la ville. Aujourd'hui, il s'agit surtout de vivre ensemble.
Nous avons un très joli jardin : le Jardin de la Fontaine, mais je cherche toujours les autres espaces verts, les aires de jeux pour les enfants.
Quel projet pour demain ? C'est bien le thème de ce soir, pas la peine de parler du passé. Mais plutôt comment mettre en évidence les différents atouts de la ville ? Est-ce qu'il y a de la vie, grâce aux entreprises. Oui et c'est un point positif. Ensuite, Madame, vous parlez des quartiers en difficulté, je ne crois pas que cela soit spécifique à Nîmes. C'est peut être plus voyant parce que ces quartiers sont particulièrement ghettoïsés. Et certes, il faut travailler pour les ouvrir mais je pense qu'il est nécessaire, principalement, de viser une certaine QUALITE de vie, autrement, là est notre atout. On ne sera jamais Montpellier et on n'a pas choisi IBM. OK, le tournant a été fait mais maintenant qu'est ce qu'on veut ? Devenir la banlieue dortoir de Montpellier ou autre chose ? C'est vraiment la question, j'essaye de recentrer le débat.

18 - Il n'est pas question de faire de Nîmes, une succursale de Montpellier. Au contraire, notre chance, avec les risques que cela comporte, est d'être complètement différent.
En ce qui concerne les commerces de périphérie, c'est perdu : il y a IKEA à Montpellier et IKEA à Avignon. Et ce n'est pas la peine de faire semblant de développer une zone commerciale avec Carré Sud qui détruit la Ville Active en déficit, qui elle-même avait supplanté le Mas des rosiers. Cela veut dire qu'il vaudrait mieux jouer la carte d'accessibilité et j'en reviens au Centre Ville. A Nantes, ils aménagent des pépinières par thème avec des aides financières adéquates. Donc pourquoi ne pas jouer la carte du Centre Ville quand la guerre périphérique est perdue.
Ce qui m'inquiète un peu, c'est quand j'étais étudiant, dans les années 70, Montpellier était un gros village, on s'y emmerdait. Ce qui a fait la différence - et c'est difficile de l'admettre quand on est Nîmois - fût le jour où les non-montpelliérains sont devenus majoritaires avec leur bagage extérieur, avec d'autres références et le sentiment que la ville dormait « sur ses lauriers ». Et c'est sur cette base que fût élu Georges FRECHE. Il faut aussi se souvenir qu'à l'époque DELMAS avait mené sa campagne sur le principe « Il est étranger, il vient d'ailleurs », du coup les personnes extérieures se sont fédérées. Je n'aimerais pas qu'on en arrive là, c'est-à-dire attendre que les non nîmois soient majoritaires et nous imposent un destin qui ne soit pas le nôtre.
Par ailleurs, il y a une idée, soulevée tout à l'heure mais dont je ne veux plus entendre, c'est l'animation liée à l'Université. Il faut arrêter, l'Université de Nîmes n'a rien amené. Si elle est dans ce bâtiment là, à côté, en location, depuis 10 ans, c'était pour « animer » le quartier. Or, jamais les restaurants de proximité voient les étudiants. D'abord, ils sont souvent 6 mois en stage, ensuite ils ont juste assez d'argent pour se payer un sandwich au CROUS. Aujourd'hui, on nous fait le coup de vouloir mettre une cinquantaine d'étudiants rue Hoche pour faire vivre et rassurer le quartier. Mais ce n'est pas ça une stratégie universitaire. Les étudiants ne sont pas des animateurs de rue. Une stratégie universitaire vise la création d'un pôle de recherche, d'une pépinière d'entreprises, etc… Mais pas l'animation. Quand on a proposé de prendre l'IUT, l'Ecole des Mines et se mettre sur George Besse, cela avait du sens avec des objectifs scientifiques, OUI mais pas l'animation. Qu'est-ce qui créé aussi la richesse universitaire, ce sont les campus, mais cela s'est fait à l'extérieur…

19 - Quand j'ai dis que je n'étais pas de Nîmes et que je parle de Nîmes, je n'affirme pas que Nîmes EST comme ci ou comme ça, je fais seulement part de mon ressentiment.
Lorsqu'on évoque la création d'entreprises et que vous avancez qu'il faudrait amener de l'extérieur des Bacs +5+6… Il faut savoir aussi qu'à l'intérieur de Nîmes, dans les cités il y a des Bacs +5+6 et les entreprises qui permettraient à ces jeunes de trouver du travail, ce serait un bel exemple et on ne dirait plus « c'est de la racaille ».

20 - Moi, j'ai une vision de Gardois, un peu éloigné, habitant à Sommières, entre Montpellier et Nîmes et j'ajoute, c'est terrible à dire, que je ne venais jamais à Nîmes. Bon ! je suis en train de changer parce qu'il me paraît regrettable de ne pas participer à la vie locale /départementale qui est ma référence administrative.
Alors qu'est ce qu'on peut faire ? C'est cette question qui m'intéresse. Et bien c'est ce que vous faites actuellement avec la création du café citoyen. Je suis ravi de voir des gens d'horizons divers, d'entendre des avis contraires et de mettre tout ça sur la table. Parce que, ce dont souffre Nîmes, c'est le « quant à soi ». C'est-à-dire, il ya le clan des gens qui adorent la corrida, ce sont les aficionados qui ne parlent pas à ceux qui sont pour le progrès d'entreprises ou pour le développement commercial. C'est comme pour les banlieues, oui, il faut faire quelque chose, mais de toutes les manières, chacun reste dans sa bulle ou sa sphère d'activité et personne ne se parle. Voilà ce que je pense depuis que je côtoie davantage la ville de Nîmes.
Pourtant des choses fabuleuses s'y passent. On parle beaucoup de Montpellier, et bien son Université Populaire ne fonctionne plus alors que l'Université Populaire de Nîmes continue. Voilà il y a des choses qu'il faut savoir. Dans votre vécu, vous remarquez tous qu'il y a des trucs qui marchent mais le problème est que les gens ne communiquent pas entre eux. Je pense qu'il y a des raisons historiques voir politiques à tout cela.
Pendant très longtemps, Nîmes fût sous la tutelle de l'homme à la pipe et tout le monde se faisait la guerre, chacun restant sur ses positions… on n'en est pas sorti.
Heureusement vous faîtes ce qu'il faut faire : les citoyens ont le pouvoir de se réunir, de discuter, de se mettre autour de la table, en apprenant à se respecter sur la base d'une charte telle celle du café citoyen. Apprenons à nous parler, écoutons-nous et pas forcément sur la base d'idées semblables mais aussi les autres opinions. Et si on agit ainsi, il y a mille choses à faire. Mettons-nous ensemble.

21 - Ce que vous venez de dire est tellement vrai. Les gens autour de nous ont plein de réponses. Je ne connaissais rien à la stratégie de transport qui, aujourd'hui, est un point de fixation dans cette ville. Pour comprendre, je suis allée voir les gens de la TCN qui m'ont montré des plans, des études… j'ai eu les coûts, le nombre d'usagers….et des explications, à savoir que Nîmes est dominé au Nord par 7 collines, donc il faut obligatoirement tracer EST OUEST. Cela coûte 300 millions d'euros mais l'intérêt est évident puisqu'on désenclave La ZUP, le Chemin Bas, le Mas de Minque. En outre, cela permet une ossature qui restructure complètement la ville, à condition de faire avec les habitants concernés en leur disant : « Voilà comment on pense votre quartier…. » Et on réfléchit ensemble. Vous savez que dans certains lotissements, des gens se retrouvent, tout d'un coup, avec des vis-à-vis dans leur jardin !!!
Question clan, c'est pire que ce que vous dites, parce qu'il faudrait que les gens de la bovine parlent aux gens de la tauromachie. Et là, vous êtes gentils parce que nous entre nous, mais il y a d'autres réseaux qui ont un poids énorme dans cette ville. Le journal LE POINT l'a démontré et je n'imaginais pas cette ampleur d'arrière cour jusqu'en Avignon ou en Bourgogne. C'est compliqué et très spécifique à ce coin de France, avec cette force. Je crois qu'il y a une douzaine de loges maçonniques à Nîmes. C'est incroyable. Donc tout cela crée des clans qui s'opposent à d'autres clans…Vous avez raison.

22 - Je voulais juste vous rappeler qu'au Café Citoyen, nous essayons aussi de faire des propositions. Alors ce serait peut être une bonne idée d'écrire les « bons plans de Nîmes » que chacun connait. Nous avons évoqué l'Université populaire, les associations culturelles….Pour quelqu'un qui arrive, ce serait utile.

23 - Il y a d'abord, à l'initiative de la mairie de Nîmes, un accueil très sympathique des primo arrivants à qui on donne une mallette avec des fiches d'aide pour effectuer plein de démarches. Ensuite, il existe une association privée, rue Gretry, plus pragmatique qui va vous demandez ce que vous aimez… la broderie, le bridge, la randonnée, le sport…… et qui vous font rentrer dans un cercle. Parce que c'est vrai, Nîmes est très fermé. Mais ces associations sont là, menées par des non-nîmois, enfin des gens comme nous qui sont là depuis un moment et qui veulent aider les autres. Cette porte est là, il faut vraiment mieux la faire connaître.

24 - Il y a aussi les comités de quartier qui, je trouve ont beaucoup évolué et de manière positive. Ils sont devenus une vraie force de propositions. Et, justement, c'est intéressant parce qu'on y trouve un mélange de primo arrivants –je n'aime pas ce terme- et des anciens sans que les uns et les autres ne se fassent de mal. Et ça commence à secouer le cadre politique, avec de vraies propositions. Ce ne sont plus les comités d'autrefois où on se contentait tout l'année, de préparer les feux de la Saint Jean. Il y a là, vraiment des gens qu'il savoir écouter. Et qui connait mieux son quartier que l'habitant du quartier !

25 - Les propositions ne pourraient elles pas rebondir sur le thème de ce soir ? Quel projet pour Nîmes ? A partir de ce qui marche, comment en tant que simple citoyen, nous pouvons nous associer à ce qui marche. Comment provoquer les rencontres ? Est-ce que en tant que Café Citoyen, nous pouvons, nous devons rencontrer d'autres associations ? Est-il souhaitable d'envisager la constitution d'un réseau ? Pour un projet demain à Nîmes.

26 - Ce n'est pas à un individu ou à un groupe de dire ce qu'il veut, ce qu'ils veulent de leur ville. C'est nous, citoyens, qui devons dire ce qu'on veut de notre ville. C'est difficile mais c'est par là qu'on réussira. Si on laisse ce soin à un groupe, il y aura toujours des gens qui seront CONTRE ce que le groupe veut faire. Donc, je crois que c'est aux citoyens, dans leur ensemble, de définir le projet pour leur ville.
Par exemple, ce souhait : mieux circuler en ville. J'aime bien ton idée de porter les efforts sur le Centre Ville et pas de péréphérie sur 15 kms. On a besoin de commerces de proximité, où on est connu, reconnu, où il y a de l'individu et de l'inter échanges entre individus. Il y a beaucoup de richesses là dedans. Je crois que c'est dans cette direction qu'il faut aller, mais ce n'est pas à moi de le dire, ce n'est pas à vous non plus, c'est à NOUS ensemble. Respectueux des idées de chacun pour trouver des axes de travail.
On sait bien qu'on ne sera pas d'accord sur tout, notamment à partir des engagements politiques de chacun. Mais on n'est pas du tout dans tout ça. Nous ne sommes pas en train de construire une société mais davantage de tenter de définir ce qu'on veut pour notre ville.
Voilà, je prends un dernier exemple qui illustre bien la ville de Nîmes. J'appartiens à l'association des amis du Monde des Diplomates. Je suis sidéré qu'il n'y ait jamais eu une conférence des amis du Diplo à Nîmes. Elles sont où les conférences ? A Alès. Pourquoi ? Parce que les gens n'arrivent pas à se mettre d'accord. Pourtant, « les amis du Monde Diplomatique » ont une audience très large dans le monde intellectuel et bien non, on n'y arrive pas. Donc, je crois qu'il faut apprendre à travailler ensemble. Comment ? Il existe des moyens, j'en site un ; vous allez sur internet et tapez « villes et territoires en transition ». C'est un mouvement qui est né en Angleterre où des citoyens échangent sur des problématiques locales et surtout pas nationales.
Construisons, ensemble, ici et maintenant notre ville de demain.

FIN de la SEANCE

Thème voté à l'unanimité pour le prochain débat : Peut-on vivre sans voiture ?

Interventions

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huor vimcemt

mercredi 30 mars 2011 12:56:40 +00:00

j'ai lu votre compte rendu et j'y retrouve la pensée des villes du sud avec les autochtones et les nouveaux venus; l'immobilisme de la ville est effrayante et j'ai aimé le fait que vous vouliez développé le centre ville en recréant un tissus culturel avec des lieux d'échanges, de projets et de débats sur le futur de Nîmes, du département, de la région etc... une agora et un lieu d'exposition des citoyens sur les projets me semble un bon départ pour dynamiser la vie de la ville et créer un nouveau savoir-faire devrait émerger avec ces grands projets, il ne reste qu'aux citoyens eux-mêmes de se mobiliser pour ce dont ils ont envie pour l'avenir

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jean gounin

lundi 20 février 2012 18:50:21 +00:00

Nîmes?
J'y suis né mais de 0 à 17 ans j'ai vécu à Mende.
En 1969,avec mes parents, nous nous sommes installés dans la maison de famille, à 10km de Nîmes.
Un cauchemard pour un jeune de 17 ans dans un village, avec des gens à la mentalité réac, étroite et casanière.
Nîmes ? trop loin de mon bled puis sans intérêt...
Le bac en poche , fac de lettres à Montpellier, mais sans le rond bref rien de bien marrant .
Puis concours, région parisienne et là enfin quelque chose qui ressemble à la vie.
Cela fait 32 ans que j'habite en Iles de France, à 25 km de Paris.
J'ai toujours ma maison de famille à 10km de Nîmes mais POUR RIEN AU MONDE, je ne retournerai vivre dans cette morose région nîmoise.Juste le temps de changer d'air mais que faire au bout de 2 ou 3 mois ?
Supporter l'insupportable esprit du midi avec ses fanfaronnades ses politiciens pourris ( et qui s'en vantent) son esprit réac ( raciste et sans ouverture) Nein Danke!!!
Dans le fond bien qu'étant né à Nîmes après presque 50 ans hors de ma région d'origine, j'ai réussi à bien surmonter le handicap congénital du nîmois malgré lui...

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