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Compte-rendu synthétique par Marc HoussayeCafé Citoyen de Caen (09/10/1999)

Animateur du débat : Marc Houssaye

» Éducation

Comment éduquer les masses ?

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L'éducation est une notion primordiale de la démocratie. Elle se situe à un niveau individuel mais aussi à un niveau social. Pourtant, si nous voyons assez facilement les méthodes employées pour éduquer un individu, il nous est difficile d'entrevoir les techniques usitées afin d'éduquer la masse sociale; et dans ce domaine nous parlons plus aisément de "conditionnement". Les citoyens présents ce Samedi 9 Octobre au Café Citoyens se sont donc interrogés sur les moyens de cette éducation de la masse sociale, tout d'abord en recensant les outils mis à sa disposition et en dégageant celui le plus développé dans notre société, ensuite en analysant les méthodes qui leurs sont associées et leurs actions sur le comportement individuel. Enfin, après avoir traité les moyens, il nous a fallu, pour donner un sens à cette éducation des masses, traiter ses fins.

Il faut dans un premier temps distinguer l'individu du sujet social; l'éducation ne s'adresse pas de la même façon à une personne qu'à un groupe. Or, tout outil touchant la société dans son ensemble est susceptible de posséder un rôle éducatif. La religion, commandant ses vertus, dans l'optique d'une morale bien précise, n'y échappe pas. Plus généralement, tous les médias sociaux détiennent un pouvoir lié à l'information. La télévision étant le système de communication de masse dominant de notre société, le débat s'est attardé dessus et les exemples ont souvent été empruntés à cet outil dont l'influence est incontestable. Nous possédons ainsi beaucoup d'instruments potentiellement éducateurs. Mais encore faut-il savoir les utiliser à bon escient. C'est le cœur même du sujet : l'adéquation entre les méthodes mises en pratique et la volonté générale de développer chaque sujet social.

Nous avons tous à l'esprit les campagnes de publicités de la Sécurité Routière. Impressionnantes, parfois choquantes, elles utilisent la mise en situation par l'intermédiaire d'images bouleversantes qui ne laissent pas indifférent. D'autres campagnes insistent sur le caractère informatif. Ne cherchant pas à interloquer avec des images choquantes, elles privilégient la réflexion.
Il nous apparaît alors deux méthodes qui se veulent éducatrices, l'une jouant sur des phénomènes inconscients touchant les sensations et les affects les plus primaires, l'autre faisant appel au raisonnement. Ainsi, la peur est ce qui est le plus utilisé dans les publicités qui veulent imposer sans justifier. On récupère des images d'archives d'une tonalité réaliste tout à fait saisissante, on met en scène un drame, et l'on pénètre profondément chaque individu. Les slogans contre les accidents de la route peuvent paraître efficaces mais, dans le meilleur des cas, c'est l'angoisse qui pousse à prendre conscience du danger; et la réaction qui suppose un raisonnement explicatif par la suite n'est souvent pas empruntée car non favorisée. L'activation de ces processus primaires ne permet pas l'assimilation et n'encourage pas le développement de l'individu.

Les informations, et plus spécialement les images, portées par la télévision ciblent leurs impacts. Notre cerveau se décompose en plusieurs aires correspondant chacune à une activité spécifique. Le système limbique , un des éléments les plus primaires, gérant les phénomènes de peur, de protection de soi, d'affectivité primitive, est souvent plus sollicité que le cortex , qui, lui, gère le raisonnement ou tout autre activité plus évoluée. Les devoirs liés à la vie en collectivité sont alors formulés en terme d'imposition et non d'assimilation et de réflexion. Telles sont les réelles intentions de ces images de poumons calcinés pour nous encourager à ne plus fumer, de cette personne se fracassant le crâne contre un pare-brise afin de nous inciter à mettre notre ceinture.

Ainsi, il nous apparaît indispensable que l'éducation des masses tienne compte du développement de l'individu. Développer l'esprit critique, suggérer la réflexion, faire découvrir les règles communes sans avoir recours à des proscriptions ou des interdictions injustifiées, voilà ce qu'il ne faudrait pas négliger ! De plus, si l'idée de responsabilité s'est énormément prononcée tout au long du débat, c'est qu'elle est une notion importante. Et dans l'éducation civique, l'on proclame la responsabilité citoyenne. L'éducation des gens en temps de tremblement de terre, la prévention concernant l'éclipse solaire du 11 août 1999 ( en faisant comprendre l'utilité du port des lunettes ), sont autant d'exemples illustrant le fait que l'éducation s'accompagne d'explications et d'éclaircissements.

L'éducation de la masse sociale suggère à priori une uniformisation. En effet, éduquer "en gros" ne reviendrait-il pas à considérer tous les individus semblables ? Doit-on attendre d'une information qu'elle entraîne la même réaction chez tout le monde à la manière d'un automatisme réglé sur le mode du réflexe conditionné ? Apparente contradiction qu'est la présence simultanée, au sein de cette notion d'éducation, du développement individuel et du conformisme législatif.
Le but de l'éducation de la masse sociale serait donc double : l'accomplissement du sujet social (la prise de connaissance de ses devoirs, des limites de sa propre liberté, le respect des lois, etc.) et le développement de l'individu lui-même. Une société uniforme ne nous intéresse pas, une société désolidarisée non plus. Il faut donc d'une part le développement particulier de chaque individu, chose engendrée par la réflexion propre, et d'autre part une cohésion entre les individus, chose favorisée par l'éducation du citoyen et la responsabilité citoyenne.

En Bref, la réflexion citoyenne s'exprime :

Les citoyens proposent, afin de développer la responsabilité citoyenne et de contrer l'uniformisation, que l'éducation des masses sociales ne perdent pas de vue l'éducation de l'individu. Pour cela, il a été proposé de favoriser l'esprit critique et le raisonnement, de responsabiliser et non d'interdire bêtement, d'utiliser des méthodes ne se basant pas sur des principes basiques telle que la peur mais sur d'autres processus plus évolués et laissant libre cours au mûrissement de l'individu.
Imposer des images choquantes ne semble pas une solution pour générer une réaction individuelle par le simple fait que cela recourt à des schémas auxquels tout le monde répond de la même façon.

Notes :

- Cortex : surface des hémisphères du cerveau. (Le Nouveau Petit Robert)

Interventions

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CHAFAQUI KHALID

lundi 09 mai 2011 21:45:08 +00:00

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